Les majors européennes des hydrocarbures, BP et ENI, sont en négociation sur l’avenir de leurs actifs pétroliers et gaziers en Algérie. Au cœur des discussions, une cession pure et simple des actifs du géant britannique à son concurrent ENI. Cependant, l’accord entre les deux compagnies doit être validé par les autorités algériennes qui, selon le droit de préemption, donnent aux opérateurs nationaux la priorité de racheter les actifs en vente. Obtiendront-elles le feu vert ?
Par Hakim Ould Mohamed
En effet, les plus grandes majors, BP et ENI, sont en négociation sur l’avenir de leurs actifs pétroliers et gaziers en Algérie. L’information a été rapportée par l’agence Reuters, qui précise que les deux groupes font face à d’importantes baisses des marges de rentabilité, à la hausse de la dette et aux pressions de la transition énergétique. Le désengagement progressif des énergies fossiles est une tendance mondiale à laquelle se préparent bon nombre de compagnies pétrolières et gazières. BP et ENI ne sont pas en reste, puisque ces deux compagnies ont annoncé leur volonté de réduire leurs portefeuilles pétroliers et gaziers pour ne conserver que les actifs les plus susceptibles de générer une plus forte rentabilité pour pouvoir recentrer leurs engagements sur les énergies propres, sur fond d’une incertitude épaisse quant à l’avenir de la demande mondiale aux énergies fossiles. Après avoir annoncé, courant mai, leur projet de création d’une coentreprise qui se chargerait de la gestion de leurs opérations combinées en Angola, BP et ENI ont entamé des pourparlers pour que le groupe italien reprenne les actifs de BP en Algérie. Les discussions portent sur une cession pure et simple des actifs de BP en Algérie à l’italien ENI, avec une option permettant à la firme britannique de prendre des participations dans les actifs de ENI dans le monde. Les deux groupes examinent également l’idée de créer une joint-venture en Algérie similaire au modèle angolais, rapporte Reuters. L’accord, s’il venait à être conclu, permettrait à BP de céder ses actifs algériens après son échec, depuis 2019, à vendre sa participation de 45,89% dans l’usine de gaz naturel d’In Amenas. BP détient également une participation de 33% dans l’usine à gaz d’In Salah. Sauf que, l’accord entre les deux compagnies doit être validé au préalable par les autorités algériennes, étant donné que les cessions d’actifs des groupes étrangers en Algérie sont codifiées par le droit de préemption qui donne aux entreprises algériennes la priorité de racheter les actifs en vente. Pour rappel, la loi de finances complémentaire 2020 a stipulé que «toute cession de parts par des parties étrangères à d’autres parties étrangères, du capital social d’une entité de droit algérien exerçant dans l’une des activités stratégiques est soumise à autorisation». «En Algérie, comme en Angola, les groupes internationaux qui exploitent ou détiennent des participations dans des champs de pétrole et de gaz perçoivent des redevances fixes basées sur la production des champs, dans ce que l’on appelle les accords de partage de production (PSA). Cela les rend moins rentables qu’ailleurs et plus difficiles à vendre», ont indiqué des sources de BP à Reuters. Celles-ci ont expliqué que BP avait essayé de vendre ses participations, mais cela s’était avéré difficile. Pour ENI, le plus grand producteur étranger de pétrole et de gaz en Afrique, avec des intérêts stratégiques en Libye et en Egypte, l’acquisition des actifs de BP ferait de l’Algérie une plaque tournante. La part nette de production de BP en Algérie en 2020 était estimée à 141 millions m3 de gaz par jour et de 6 000 barils de pétrole par jour, selon le rapport annuel 2020 de BP. ENI, qui a des contrats d’importation de gaz à long terme avec l’Algérie, a produit 81 000 barils de pétrole par jour en 2020 et 152,5 millions de m3 de gaz. BP et ENI ont établi des plans pour transformer leurs activités dans les décennies à venir, en abandonnant le pétrole et le gaz au profit des énergies renouvelables. Cette option prise en faveur du renouvelable n’est pas sans conséquences pour les majors pétrolières et gazières, tant il est vrai que les énergies renouvelables génèrent des rendements inférieurs à ceux du pétrole et du gaz. Ainsi, les majors doivent slalomer désormais entre l’impératif de réformer et équilibrer leurs investissements, améliorer les profits et protéger les notations, tout en maîtrisant la lourde dette et en maintenant les dividendes. Un sérieux dilemme. ENI a indiqué récemment que sa production de pétrole commencerait à diminuer après 2025, tandis que BP s’est engagée à réduire la production de pétrole de 40% d’ici 2030. Dans le cadre de cette stratégie, les compagnies visent à recentrer leurs opérations sur les champs les plus rentables, comme le golfe du Mexique dans le cas de BP, et le champ gazier géant égyptien de Zohr pour ENI. La firme italienne a signé une série d’accords avec BP en Afrique, notamment pour la vente des parts dans les champs de Nour et Shorouk en Egypte et un gros contrat commercial pour le GNL au Mozambique. <
Sonatrach signe un avenant au contrat d’achat et de vente de gaz naturel avec Eni
La compagnie nationale des hydrocarbures a annoncé, hier dans un communiqué, la signature à Alger, d’un avenant au contrat d’achat et de vente de gaz naturel liant le groupe Sonatrach et le groupe Eni en 1977. Cet avenant au contrat de vente de gaz, qui fixe les conditions commerciales de la livraison de gaz naturel pour l’année gazière 2021-2022, a été signé en marge d’une rencontre entrant dans le cadre des rencontres périodiques relative à l’examen des projets entre Sonatrach et Eni, a ajouté la même source. Cet avenant définit les principes de livraison par Sonatrach à Eni de volumes additionnels sur le marché italien, a ajouté le communiqué. Selon Sonatrach, cet avenant «réaffirme l’engagement des deux parties à consolider leurs relations existantes et poursuivre leur partenariat traditionnel marquant une nouvelle fois leurs volontés à renforcer la coopération de long terme entre les deux compagnies». S’agissant de la rencontre tenue au siège de Sonatrach, elle s’inscrit dans le cadre des rencontres périodiques relatives à l’examen des projets entre Sonatrach et Eni, au cours de laquelle les deux compagnies ont passé en revue l’avancement des travaux concernant les projets d’exploration et de production. Les deux compagnies ont, également, examiné lors de cette rencontre, les initiatives en cours sur la formation, le bio-raffinage, les opportunités à l’international et les projets d’énergie renouvelable, notamment la construction et la mise en œuvre du laboratoire solaire et dont la mise en œuvre est prévue pour le quatrième trimestre 2021, a souligné le communiqué.