La directrice du Centre de recherche scientifique et technique sur les régions arides a appelé hier à l’application adéquate du schéma national de l’aménagement du territoire et commencer à pratiquer un « développement équilibré » de ses différentes régions. Fatoum Lakhdari, dont le centre de recherche se trouve à Biskra, a surtout parlé des zones sahariennes qui connaissent pour une part un essor socioéconomique important, celles qui disposent de richesses agricoles par exemple, mais elle n’a pas manqué de poser la problématique de l’aménagement et du développement dans son aspect global.
Invitée de la rédaction de la chaîne 3, hier, la chercheuse en agronomie et en aménagement du territoire a plaidé pour un retour à la connaissance profonde des spécificités et des «risques » des régions à développer. Il faut partir ce qui existe et de ce qui a réussi par le passé, a-t-elle dit en faisant la recommandation – aux collectivités locales – d’une connaissance biophysique, climatique et socioéconomique des territoires du pays, notamment ceux où le besoin de développement se fait le plus sentir à l’instar des régions sahariennes et des Hauts-Plateaux.
Ceci, alors que l’enjeu capital est de parvenir à un « développement équilibré » de l’ensemble des parties du pays.
« Sans un équilibre dans le développement de notre territoire, l’Algérie ne se portera pas très bien», a estimé la chercheuse pour qui toute stratégie de développement doit œuvrer, préalablement, à un développement des régions en fonction de leurs spécificités propres. Fatoum Lakhdari a affirmé que c’est « l’inégalité dans le développement » qui a provoqué le «déséquilibre flagrant» dans la répartition de la population nationale et le mouvement migratoire vers les régions du Nord. Un mouvement qui risque de s’amplifier si rien n’est fait pour répondre intelligemment et efficacement aux besoins des populations algériennes vivant à l’extérieur de la bande littorale. « Le développement équilibré du territoire national est une « priorité », a-t-elle dit en pointant les risques d’une situation actuelle où sur le plan démographique 89% des Algériens occupent 10% de la surface du pays et 11% sont dispersés sur les 90% restants de sa superficie. Une réalité qui, a-t-elle dit, se résume en un pays encombré et à bout de ses ressources sur sa partie septentrionale, la partie littorale nord précisément, et quasiment vide dans sa partie Sud. Et qui pose des problèmes à tous les niveaux notamment en termes de sécurité nationale, le Sud étant en voie de désertification y compris humaine, alors qu’il est synonyme de richesses pour son sol et sous-sol, a expliqué Mme Lakhdari.
La directrice du centre de recherche scientifique et technique des zones arides a souligné l’impératif de relever les défis sociaux économiques pour le développement des régions sahariennes, notamment dans le domaine de l’agriculture saharienne, visant l’amélioration de ses produits, tant en quantité qu’en qualité, l’amélioration de leur compétitivité sur le marché national et international, et aussi le développement des activités liées à cette culture, notamment la transformation, la conservation et la commercialisation.
Evoquant les contraintes naturelles liées à cette agriculture, telle l’insuffisance de la disponibilité des ressources en eau pour l’irrigation dans certaines régions du Sud, la responsable a préconisé, à cet effet, la planification de l’exploitation des nappes phréatiques pour pérenniser ses ressources, ainsi que la rationalisation de la consommation de l’eau avec des systèmes d’irrigation modernes, « efficaces, mais économiques ». Elle a plaidé pour des systèmes d’exploitation inscrits dans la logique de la « durabilité » afin de ne pas hypothéquer l’héritage des générations à venir.