Par Bouzid Chalabi
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, de nombreux points de vaccination de proximité (de quartiers) ne sont pas opérationnels durant le weekend. Pis encore, point d’activité dans plusieurs centres de vaccination de la capitale en ce jour férié du mardi 10 août 2021.
Et cela, au moment où du côté du Comité technique national consultatif sur la vaccination, on parle, tambour battant, de faire accélérer la campagne nationale de vaccination. L’objectif affiché par le gouvernement étant d’atteindre rapidement le seuil de 60% de vaccinés dans le pays. C’est à croire que non seulement cette directive reste pour le moins ignorée, mais que la bureaucratie agit à sa guise alors qu’il y a extrême urgence. Et pourtant, le président de la République a, lors de son intervention à la télévision, dimanche 8 août, appelé ses concitoyens à «aller massivement vers les points de vaccination anti-Covid».
On imagine donc le désappointement de centaines de personnes d’apprendre, une fois sur place, que le centre de vaccination de leur quartier ne travaille pas le weekend et les jours fériés, comme constaté hier mardi. Ce qui renvoie à dire que la cadence d’au moins 425 000 vaccinations par jour comme fixée par les autorités sanitaires du pays, si l’on veut atteindre 20 % de la population, ne peut être réalisée avec le modèle opératoire en place. C’est-à-dire des centres de vaccination de proximité qui fonctionnent seulement aux horaires administratives et ferment le weekend et jours fériés. Comme il faut savoir, qu’alors que notre pays connaît une troisième vague de contaminations foudroyantes, seuls 3% de la population a été vaccinée. Et quand on sait, comme l’a déclaré le ministre de l’Education nationale, que la date de la rentrée des classes reste tributaire du nombre de personnes vaccinées, on peut dès lors avancer qu’au rythme actuel des vaccinations contre la Covid-19 elle risque forcément d’être reculée.
Toujours à propos de la campagne nationale de vaccination, il importe de savoir, selon les données agréées par la Banque Mondiale, que sur 44 millions d’Algériens, moins de 8 % ont reçu une première dose plus de sept mois après le début de la campagne de vaccination en janvier 2021. En définitive, et devant l’urgence de faire vacciner un maximum de personnes dans un délai très court, afin d’atteindre l’immunité collective, 80% comme préconisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit de faire en sorte que les centres de vaccinations de proximité travaillent sans relâche, quitte à renforcer le personnel. Et c’est donc à cette seule condition que le retard enregistré jusqu’ici par la campagne nationale de vaccination sera rattrapé. C’est d’autant plus à la portée du pays dès lors où l’Algérie a acquis 9 millions de doses depuis la découverte du vaccin, dont 4 millions en juillet dernier. En grande proportion de vaccins chinois et russe et de moindre sur le britannique AstraZenica. Non sans parler de la prochaine entrée en production locale en septembre prochain par Saidal du vaccin chinois Sinovac, à hauteur de 2 millions de doses par mois, dans le cadre d’un partenariat avec la Chine. Ainsi tous ces vaccins seront mis à la disposition des 8 000 centres de vaccinations répartis sur tout le territoire national et, particulièrement, dans les grandes villes. Tout en exigeant qu’ils soient opérationnels en permanence, car c’est là tout l’enjeu si l’on veut se mettre à l’abri d’autres vagues de contamination, que les épidémiologistes redoutent, convaincus de l’apparition d’un autre variant de la Covid-19 plus virulent. Seule une vaccination massive des populations peut freiner l’évolution de la pandémie. n