PAR NAZIM BRAHIMI
La question de la refonte du système des subventions publiques tend à occuper une place quasi permanente dans les auditions qu’accorde le chef de l’Etat aux formations politiques dans le cadre de son initiative de « rassemblement » et de « main tendue », au moment où l’installation de la commission nationale chargée de cette révision se fait toujours attendre.
Devant être installée le 18 mai dernier, ladite commission demeure en stand-by et les partis politiques et autres organisations syndicales affirment « ne pas disposer de nouvelles » à ce propos, bien que le sujet revienne à chacune des rencontres du président Tebboune avec les représentants de parti dans le volet socio-économique. Pour certaines voix parmi les organisations syndicales, l’installation de ladite commission « a besoin d’une préparation à la mesure des enjeux de la refonte annoncée », ajoutant que « les services ont dû s’accorder un temps supplémentaire pour conceptualiser et affiner les arguments pouvant susciter des adhésions au projet de refonte » par les courants politiques et acteurs économiques. Mais pour les mêmes voix, le temps « ne joue pas forcément en faveur des pouvoirs publics », bien que le chef de l’Etat s’était fixé l’échéance de la fin de l’année pour la concrétisation de la refonte souhaitée.
Le président Tebboune avait annoncé la «levée, d’ici la fin de l’année, des subventions sur certains produits dans le cadre d’un mécanisme national» qu’il s’agira «seulement d’orienter les subventions au profit des véritables bénéficiaires».
Il avait souligné alors que les dépenses budgétaires feront l’objet d’une «révision structurelle», affirmant que «les subventions au profit des classes vulnérables et moyennes étaient irréversibles, en ce sens qu’elles représentent l’un des principes de l’Algérie indépendante, consacrés dans la déclaration du 1er Novembre».
De son côté, le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane a déclaré qu’il sera mis en place «un dispositif national de compensation monétaire au profit des ménages qui sont éligibles», expliquant que «ce dispositif à mettre en œuvre suite à la révision et l’ajustement des prix des produits soutenus, sera concrétisé à travers un programme de transfert monétaire direct au profit de ces ménages».
En mi-septembre dernier et lors de la présentation du Plan d’action du gouvernement à l’APN, M. Benabderrahmane a expliqué que la réforme du système de subvention sociale se fera à travers «le passage au virement au profit des familles nécessiteuses qui bénéficieront d’un revenu supplémentaire comme indemnisation de la hausse des prix (engendrée par la suppression des subventions directes)». Le même responsable a ajouté que l’expérience acquise par l’Etat en politique sociale a démontré que la majorité des dispositifs généralisés sont «abusifs», du fait qu’ils «profitent essentiellement aux couches des populations aisées».
Il a relevé, dans ce sens, que l’évaluation préliminaire du niveau des subventions fait ressortir un montant qui avoisine en moyenne 3 250 milliards de dinars par an sur la période 2012-2017 (soit environ 19,3% du PIB) ce qui représente entre 30 et 41 milliards de dollars en fonction de la fluctuation du taux de change. Mais du côté des partis politiques, notamment ceux de l’opposition démocratique, la démarche n’est pas la bienvenue.
Le Parti des travailleurs (PT) a exprimé, depuis l’annonce du projet, son opposition à toute démarche allant dans le sens de « remettre en cause cet acquis » de l’Algérie indépendante alors que le FFS a estimé qu’il «n’est pas judicieux ni urgent de recourir à une révision anarchique du système de soutien des produits et services de large consommation», plaidant pour «l’élaboration consensuelle d’un nouveau modèle économique».
Une position que ne partage pas l’UGTA, qui s’est dit, par la voix de son secrétaire général, Salim Labatcha, « rassurée » par le discours et les arguments du chef de l’Etat. n