Par Khaled Remouche
Le potentiel de l’Algérie reste important. Mais l’Algérie n’est pas passée à l’exploration et l’exploitation de ces réserves, à l’exception des mines de Tirek Amesmessa qui produisent, aujourd’hui, des quantités fort modestes d’or.
L’Algérie n’en est pas encore à l’exploitation industrielle intensive de ses réserves en or, en dépit de leur importance et de la valeur de l’or sur les marchés internationaux, en hausse en raison de la guerre Russie-Ukraine, 1 900 dollars l’once. Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, l’a laissé entendre dans ses réponses au Parlement, jeudi dernier. « La production aurifère en Algérie a atteint 6,8 tonnes jusqu’en 2021, et ce, depuis l’exploitation minière de ce métal précieux. Ce qui est fort modeste, loin d’une tonne d’or en moyenne par an. Les réserves d’or relevant de l’Enor se situent à 51 tonnes d’or exploitable, nécessitant un investissement financier important et des techniques d’exploitation spéciales », a-t-il indiqué. Il a fait savoir que la réserve géologique nationale est située à 124 tonnes. « L’Enor poursuit l’exploitation des mines d’or de Tirek-Amesmessa dans la wilaya de Tamanrasset après le départ de la compagnie australienne. Quant à la production artisanale par les micro entreprises qui emploient 1 500 salariés, lancée en 2020, elle est de 10 000 tonnes, soit l’équivalent de 110 kilogrammes d’or », a-t-il ajouté.
Il faut noter que cet or extrait en quantités modestes demande à être raffiné si on veut en tirer des lingots. L’Algérie n’a pas un véritable outil de raffinage d’or qui lui permet de transformer cet or en lingots. L’or extrait est cédé notamment à l’Agenor pour être transformé en bijoux. Ce qui ne permet pas de renflouer les réserves en or métal de l’Algérie, déjà relativement importantes, détenues par la Banque d’Algérie en période de hausse de l’or sur les marchés internationaux. L’Algérie dispose d’un stock de 173,6 tonnes (chiffres de 2021), soit l’équivalent de 10 milliards de dollars. Le potentiel minier de l’Algérie est beaucoup plus important que les chiffres officiels, selon les experts Ali Kefaifi et Kazi Tani, qui, dans un rapport de 2015 remis aux autorités, soutiennent que nos réserves en or se situent à 50 000 tonnes, soit 96% des réserves mondiales. Si on extrait seulement 10%, l’Algérie serait parmi les premiers producteurs d’or au monde, selon ces spécialistes. Pour ces experts, d’énormes richesses de l’Algérie, notamment en or, en fer, en cuivre, en lithium, en cobalt, en terres rares, ces derniers sont les métaux du futur. Toutes ces richesses, selon ces experts, sont en jachère. Ces deux experts expliquent que, contrairement à d’autres pays, ces richesses sont en surface et donc plus facilement identifiées, prospectées, explorées et développées. Pour Kazi Tani, les lois minières de 2001 et de 2014 ont verrouillé le secteur. Une disposition exige trois ans d’activités dans les mines et des références financières pour pouvoir accéder à leur exploitation. Le secteur privé, à la faveur de cet article, est quasiment exclu de ce secteur. L’Algérie doit donc rechercher des partenaires étrangers solides, de vrais professionnels associés à l’expertise locale et des sociétés locales, si on veut passer à la confirmation de ce potentiel et à l’exploitation de ces ressources.
Là aussi, tout un écosystème doit se mettre en place : formation et recyclage des ressources humaines, transfert de savoir-faire, renforcement du management des entreprises locales, unité de raffinage… C’est, en somme, toute une stratégie qui doit se déployer. Elle semble être finalisée. Il reste à la faire connaître, la mettre en oeuvre. Des roads shows devraient se faire à l’extérieur pour faire connaître notre potentiel minier et ses atouts par rapport à d’autres pays producteurs et d’autres régions du monde, si on veut attirer de solides compagnies étrangères en vue d’un partenariat gagnant. <