Sur fond de crise opposant la Russie à l’Occident, en raison du conflit armé auquel s’adonnent Russes et Ukrainiens, les délégués de l’OPEP doivent décider des suites à donner à leur pacte de production conclu avec la Russie et autres partenaires non-Opep.
Par Hakim Ould Mohamed
Un choix cornélien ! Les délégués de l’Opep+ commencent à quêter des solutions, plutôt des alternatives, à la fin de ce pacte de production de pétrole qui devrait prendre fin en août. Le pacte est confronté à de nombreuses incertitudes et situations difficiles, dont la conjoncture internationale marquée par l’exacerbation des tensions entre l’Occident et la Russie, membre influent de l’Opep+, et leurs conséquences sur les marchés pétroliers et gaziers. Il est difficile de croire que l’Opep+ puisse être enterrée de si tôt, alors que les pays producteurs continuent à être confrontés à des défis importants dont la régulation du marché en période post-pandémique, la situation des stocks pétroliers, l’approvisionnement mondial, la transition énergétique… En tout cas, l’Arabie saoudite a souligné cette semaine que la Russie faisait partie intégrante de l’Opep+ malgré le conflit ukrainien, rappelant à qui veut l’entendre que l’Opep+ n’est pas une alliance politique, mais plutôt de gestion du marché pétrolier, rapporte l’agence bloomberg. Quoi qu’il en soit, les membres de cette alliance, réunissant l’Opep et d’autres producteurs non-Opep autour d’un objectif de régulation du marché pétrolier au moyen de la production, doivent décider tôt ou tard de l’avenir à promettre à leur Organisation. L’Arabie saoudite, poids lourd de cette alliance, a maintes fois rappelé le rôle de la Russie au sein de l’Opep+. Cependant, le conflit ukrainien a pris ces dernier mois la forme d’un différend économique et énergétique opposant la Russie à l’Occident, ce qui expose les membres de l’Opep+ à faire des choix difficiles quant à l’avenir de cette organisation qui a fait face jusqu’ici à plusieurs pressions exercées par les grands pays consommateurs qui ont cessé d’appeler à une hausse de la production en période de forte tension sur les prix. Malgré ces pressions, l’Opep est restée de marbre. Les défis immédiats auxquels l’Organisation fait face ne sont pas non plus simples à relever. Le groupe Opep+ doit également prendre une décision quant aux capacités inutilisées que certains pensent être relativement faibles pour le moment et limitées à quelques membres de l’Opep. Mais les prix élevés d’aujourd’hui appellent au groupe l’impératif de gérer cette transition de tension autour des prix et de la production.
Les capacités inutilisées étaient jusqu’ici un important outil de gestion de l’équilibre entre l’offre et la demande. Tout comme la situation des stocks mondiaux qui pèse souvent sur la trajectoire des prix. C’est dire que l’Opep+ continue à être confrontée à tous ces défis, alors que la date de validité de l’accord devrait expirer en août. Les questions sur les capacités de réserves, l’état des stocks mondiaux et des fondamentaux du marché continuent d’alimenter les débats à l’heure où les membres siégeant dans l’Opep+ discutent déjà des perspectives à donner à leur organisation, selon Bloomberg. D’autres questions – et non des moindres – se posent de plus en plus avec acuité ; celles se rapportant notamment aux capacités réelles de production de l’Opep qui peine depuis plusieurs mois déjà à remplir son quota malgré sa hausse décidée à l’issue des précédentes réunions de l’Opep+. Les prévisionnistes tablaient sur l’incapacité de l’Opep à atteindre ses objectifs de production en mai en tant que groupe, malgré la hausse de son quota. La chute de la production de l’Opep a confirmé les projections des spécialistes du marché et fait chuter les prix du pétrole. L’Arabie saoudite a réussi à augmenter sa production de 60 000 bpj ce mois-là, mais cette augmentation a été contrebalancée par les pertes en Libye, au Nigeria, au Gabon et ailleurs. L’Agence internationale de l’énergie indique que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis disposent de 2,2 millions de barils supplémentaires par jour qu’ils peuvent injecter sur le marché en plus de ce qui reste en réduisant leurs quotas. Toutes ces questions continuent à peser sur la situation du marché, alors que les pays producteurs sont appelés à décider des suites à donner à leur accord qui expire au mois d’août.