D’après les derniers bilans officiels, le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 a fait au moins 33.179 morts : 29.605 en Turquie et 3.574 en Syrie. En visite à Kahramanmaras en Turquie, le responsable de l’agence humanitaire de l’ONU Martin Griffiths a déclaré hier samedi à Sky News que le bilan «doublera ou plus».
«On n’a pas encore réellement commencé à compter le nombre de morts», a-t-il ajouté. «Bientôt, les personnes chargées des recherches et des secours laisseront la place aux agences humanitaires dont le travail consiste à s’occuper, au cours des prochaines mois, du nombre extraordinaire de personnes affectées», a aussi déclaré M. Griffith. En Turquie, des cas de sauvetages miraculeux bien au-delà de la période cruciale de 72 heures après la catastrophe continuent d’être rapportés par les secours et les médias turcs. A Adiyaman, une femme de 23 ans, Elif Kirmizi, a pu être sauvée 153 heures après le séisme, une heure après le sauvetage de sa soeur Rabia, une professeure de 28 ans. Leur père est quant à lui décédé dans la catastrophe. Mustafa Sarigul, 35 ans, a quant à lui été sauvé à la 149ème heure à Hatay par des gendarmes turcs et des équipes venues d’Italie et de Roumanie, après douze heures d’efforts pendant lesquels l’homme chantait sous les décombres pour garder le moral. Sur le front diplomatico-humanitaire, la Turquie et la Grèce ont mis une sourdine à leur longue rivalité historique, avivée par des contentieux territoriaux, économiques et migratoires, au profit de la solidarité. Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias s’est rendu dimanche dans les zones sinistrées de Turquie avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, qui lui a réservé un accueil chaleureux. Athènes avait été l’un des tout premiers pays à annoncer de l’aide à son voisin, et cette visite est la première d’un ministre européen en Turquie depuis le début de la catastrophe. En Syrie un nouveau convoi de l’ONU est arrivé dimanche depuis la Turquie, apportant une aide très attendue aux victimes syriennes du séisme qui a fait plus de 28.000 morts dans ces deux pays, un bilan qui pourrait «doubler» selon les Nations unies. Dix camions ont franchi la frontière au point de passage de Bab-al Hawa, dans le nord-ouest de la Syrie, a constaté un correspondant de l’AFP, apportant de quoi confectionner des abris d’urgence avec des bâches en plastique, des couvertures, des matelas, des cordes ou encore des vis et des clous, entre autres. «Jusqu’à présent nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie. Ils se sentent à juste titre abandonnés», a déclaré le responsable des secours onusiens Martin Griffiths. Il faut désormais «corriger cet échec au plus vite», ajoute-t-il dans un tweet. Selon un responsable du ministère syrien des Transports, Suleiman Khalil, 62 avions chargés d’aide ont jusqu’à présent atterri dans le pays et d’autres ont attendus dans les heures et jours à venir, en provenance notamment d’Arabie saoudite.
Ville condamnée
A Jableh, sur la côte syrienne, «de nombreuses familles ont été séparées, la situation est extrêmement difficile» et l’espoir de retrouver des personnes vivantes disparaît rapidement, témoigne Rouba Ahmed Shaheen, 43 ans, membre des secours médicaux. «Aujourd’hui, la ville est condamnée», estime-t-elle. L’accès à la Syrie en guerre, dont le régime est sous le coup de sanctions internationales, s’avère plus compliqué que pour la Turquie. Les organisations humanitaires s’inquiètent particulièrement de la propagation du choléra, réapparu en Syrie. Le gouvernement de Damas a autorisé vendredi «l’acheminement des aides humanitaires à l’ensemble» du pays – y compris les zones tenues par les rebelles. Arrestation d’entrepreneurs Près de 32.000 personnes sont mobilisées pour les opérations de recherche et de secours en Turquie, ainsi que plus de 8.000 secouristes étrangers selon l’agence turque chargée des catastrophes naturelles. L’effondrement brutal des bâtiments, qui trahit leur médiocre construction et n’ont laissé pratiquement aucune chance à leurs résidents, suscite la colère dans le pays. Les médias turcs ont annoncé l’arrestation d’une douzaine d’entrepreneurs du secteur du bâtiment dans le sud du pays. D’autres interpellations sont attendues. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 26 millions de personnes pourraient avoir été touchées en Turquie et en Syrie, dont «environ cinq millions de personnes vulnérables», et a lancé samedi un appel urgent pour collecter 42,8 millions de dollars. A Gaziantep, où quelque 2.000 personnes ont péri, les déplacés font la queue par des températures en dessous de zéro pour recevoir un repas chaud offert grâce à une vague de solidarité des restaurants de la ville. Le restaurant de Burhan Cagdas a distribué gratuitement quelque 4.000 plats aux survivants. «Notre personnel se retrouve dans une situation impossible, explique-t-il. Ils ont des victimes au sein de leurs propres familles et leurs maisons ont été détruites». La famille de Burhan Cagdas lui-même a dormi dans des voitures depuis lundi. Mais la vague de solidarité n’en est que plus forte. «Nous voulons aider», résume-t-il. Près de 32.000 personnes sont mobilisées pour les opérations de recherche et de secours en Turquie, ainsi que plus de 8.000 secouristes étrangers selon l’agence turque chargée des catastrophes naturelles. Un point de passage a en outre été ouvert entre la Turquie et l’Arménie, pour la première fois depuis 35 ans, pour permettre l’arrivée d’aide humanitaire.
Les opérations de sauvetage touchent à leur fin
Le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence, Martin Griffiths, a annoncé, samedi, que les opérations de sauvetage sont presque terminées dans les dix provinces turques sinistrées, à la suite des tremblements de terre qui ont dévasté le sud de la Turquie. «La phase de sauvetage est sur le point de s’achever, elle sera suivie d’un retour à la normale ainsi que de la phase de résilience et de reconstruction, qui implique entre autres la planification relative aux maisons, appartements et immeubles à reconstruire», a déclaré Griffiths, lors d’une visite effectuée dans la province sinistrée de Kahramanmaras. Il a souligné que le retour à la normale à la suite des tremblements de terre dévastateurs, «dépendra principalement de l’aide humanitaire», faisant observer que le gouvernement turc «dirigera la phase de reconstruction des logements détruits». «Pour ce qui est du retour à la normale après une catastrophe, la communauté humanitaire joue un rôle important dans cette phase, c’est pourquoi nous allons lancer un appel dans le but de collecter des fonds pour les mettre à la disposition des agences onusiennes spécialisées et venir en aide aux personnes sinistrées», a expliqué le haut responsable de l’Onu. Griffiths a expliqué que les Nations Unies vont orienter leurs efforts vers l’aide humanitaire tout au long de la période durant laquelle les gens seront forcés de vivre dans des logements temporaires. A cet effet, Griffiths a souligné que la deuxième phase qui intervient après les catastrophes naturelles «pourrait être plus préoccupante non seulement en Turquie mais aussi en Syrie, où les survivants auront besoin d’aide notamment en leur assurant les moyens de subsistance ainsi que la nourriture et les médicaments». Le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires a ajouté que «nous sommes très préoccupés, comme vous le savez, par la deuxième phase qui suit une catastrophe naturelle de cette ampleur, et la question est souvent liée à la situation sanitaire, car nous sommes profondément inquiets ici (en Turquie) et en Syrie, à propos des problèmes de santé qui seront traités».(Sources agences)