Exit l’ère Merkel, voici celle d’Olaf Sholf. Plus de deux mois après les élections en Allemagne, le social-démocrate Olaf Scholz a été élu hier mercredi chancelier par les députés. Son arrivée au pouvoir est aussi celle du centre-gauche. Arrivé en tête aux législatives, son Parti social-démocrate (SPD) dispose d’une confortable majorité (206 sièges), avec ses deux nouveaux partenaires de coalition, les Verts (118 sièges) et les libéraux du FDP (92). Sur les 736 élus du Bundestag issu du scrutin du 26 septembre, 395 ont voté pour Olaf Scholz, 303 contre et 6 se sont abstenus, lui permettant de devenir le neuvième chancelier de l’Allemagne d’après-guerre.

Synthèse de Selma Allane
Ce vote marque le retrait d’Angela Merkel à l’issue de quatre mandats qui, à neuf jours près, ne lui auront pas permis de battre le record de longévité détenu par Helmut Kohl (1982-1998). Présente dans l’assemblée pour assister à l’élection de son successeur, elle a été longuement applaudie par les députés, la plupart debout, avant l’ouverture de la séance plénière. La dirigeante, au faîte de sa popularité il y a peu encore, met un terme à 31 ans de carrière politique.
Féministe convaincu, Olaf Scholz prendra à sa suite les rênes d’un gouvernement composé pour la première fois d’autant d’hommes que de femmes. Trois d’entre elles seront à la tête de ministères clés: les Affaires étrangères pour l’écologiste Annalena Baerbock, la Défense et l’Intérieur pour les deux sociales-démocrates Christine Lambrecht et Nancy Faeser.
Inédit, le gouvernement le sera aussi dans sa composition politique. Il réunira en effet pour la première fois depuis les années 1950 trois partis: le SPD, les Verts et le Parti libéral-démocrate (FDP). Ces trois formations sont parvenues rapidement à s’accorder sur un programme qui fait la part belle à la protection du climat, la rigueur budgétaire et l’Europe. Christian Lindner, le dirigeant des libéraux et parangon de l’austérité budgétaire, doit d’ailleurs prendre la tête du puissant ministère des Finances.
A peine installés dans leurs nouvelles fonctions, les ministres vont affronter une crise sanitaire d’une ampleur inégalée depuis l’apparition du Covid-19. La stratégie du nouvel exécutif repose désormais sur une vaccination obligatoire souhaitée par Olaf Scholz et qui pourrait être adoptée en février ou mars, selon les sources médiatiques. Le nouveau gouvernement est également très attendu à l’international en plein remous géopolitiques avec la Russie et la Chine.
Olaf Scholz n’a pas commenté l’annonce par les Etats-Unis d’un «boycott diplomatique» des Jeux olympiques d’hiver de Pékin alors que la nouvelle cheffede la diplomatie n’a pas exclu d’emboîter le pas de Washington. Annalena Baerbock a également promis d’adopter un ton plus ferme que le gouvernement précédent à l’égard de Moscou au moment où la Russie masse des troupes et des moyens militaires importants aux frontières de l’Ukraine, faisant redouter une agression.
En matière de politique étrangère, l’arrivée du nouveau chancelier au pouvoir intervient dans un contexte d’amélioration des relations entre Berlin et Alger, une réalité qui devrait se confirmer davantage à travers la coopération dans le domaine énergétique et du renouvelable en particulier, estiment les observateurs. <