La drastique crise de l’eau potable vécue cette année va-t-elle se renouveler en 2022 ? Pour l’heure, les prévisions des climatologues sont plutôt pessimistes et les risques de vivre donc la même situation de tension en matière de ressources hydrauliques sont élevés.
Par Bouzid Chalabi
Pourtant, les précipitations de cet automne laissaient penser que la situation allait s’améliorer. Une fausse appréciation dans le sens où les experts en la matière estiment que c’est un apport très insuffisant.
Ces derniers jugent, en effet, qu’il faudrait plus de précipitations pour espérer que les barrages et les nappes contiennent des réserves suffisantes pour éviter le scénario des six derniers mois, marqués par des mesures de restriction en eau potable aux populations. Autrement dit, il serait souhaitable que la pluviométrie soit au rendez-vous cet hiver, sinon «nous serons en situation d’alerte» avertissent les spécialistes en ressources hydriques du pays. Ainsi, à défaut d’épisodes pluviométriques répétés et intenses en termes de taux de précipitations durant les trois prochains mois, «nombreux seront les barrages qui vont revenir au très faible niveau de remplissage du mois de septembre dernier. Les derniers apports des pluies d’automne auront vite été puisés pour les besoins simultanés en alimentation en eau potable des populations et d’irrigation indispensables des périmètres agricoles», indiquent les spécialistes. En somme, tout va dépendre de la clémence du ciel. Et si tel n’est pas le cas, ce sera le retour, comme l’été dernier, aux restrictions de l’usage domestique de l’eau qui par ailleurs reste très mal appliqué. Des restrictions, faut-il le souligner, très mal acceptées par les populations au point où elles ont fermé des axes routiers et provoqué des rassemblements sur la voie publique en signe de désapprobation. Et surtout de manifester leur colère contre le manque de rigueur dans la programmation des plages horaires de distribution.
Il faut dire aussi que, face à la situation de crise vécue cet été, les pouvoirs publics ont mis en place toute une série de mesures d’urgence afin de rendre les restrictions en eau potable des populations moins pénibles, notamment une gestion plus équitable de la distribution pour mettre un terme à la colère des populations s’estimant lésées en matière d’alimentation en eau potable (AEP).
Par ailleurs, et dans ce même contexte, le gouvernement a procédé à l’accélération de projets de réalisation d’usines de dessalement d’eau de mer. Depuis, deux d’entre elles sont déjà opérationnelles, assurant ainsi les besoins en AEP des populations de l’ouest de la capitale, tandis que d’autres, destinées pour l’Est de la wilaya, sont à la veille d’entrer en production. Toujours à propos d’usine de dessalement, il y a lieu de savoir que les pouvoirs publics ont réalisé que cette option est devenue incontournable devant les besoins croissants en eau par l’effet de la poussée démographique du pays. Cet intérêt aux eaux non conventionnelles s’est concrétisé sur le terrain par la réalisation, en moins de 20 ans, de 21 usines réparties sur tout le littoral national, dans l’attente d’autres projets. Ce qui va permettre de consacrer toutes ces eaux issues de ces usines aux besoins des villes de la frange nord du pays et ainsi ne plus dépendre des barrages limitrophes qui verront leurs retenues destinées, à la fois, aux villes de l’intérieur du pays et surtout assurer l’irrigation des nouveaux périmètres agricoles en raison des impératifs de sécurité alimentaire du pays.
Concernant, enfin, la situation hydrique actuelle et à venir du pays, il importe de savoir que des études font ressortir que les pays du Maghreb vont connaître une baisse sensible de leurs précipitations à moyen terme. Une donne qui a été sérieusement prise en compte dans la mesure où les pouvoirs publics se déploient à mettre en place une stratégie à même de préparer le pays à ce scénario alarmant.