L’appel téléphonique Tebboune-Kais Saïed traduit manifestement la volonté d’évacuer toute incompréhension que pourrait susciter l’affaire Bouraoui et qui impacterait la qualité des relations algéro-tunisiennes.

PAR NAZIM BRAHIMI
Le président Tebboune a eu, hier, un entretien téléphonique avec son homologue tunisien. Les deux Présidents ont évoqué «les relations solides entre les deux pays frères», a indiqué un communiqué de la Présidence de la République, comme ils ont abordé «des questions d’intérêt commun», selon la même source.
Si les deux Présidents ont habitué l’opinion à s’entretenir au téléphone, le contexte de cette communication du 14 février est différent de ceux des précédents échanges entre Tebboune et Kaïs Saïed.
En effet, l’entretien téléphonique entre les deux présidents intervient au lendemain des questions et interrogations nées de l’affaire Amira Bouraoui, «exfiltrée» de Tunis vers la France, alors que sa «présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne», avait réagi le ministère des Affaires étrangères.
A l’évidence, l’appel téléphonique Tebboune-Saïed traduit manifestement la volonté d’évacuer toute incompréhension que pourrait susciter l’affaire Bouraoui et qui impacterait la qualité des relations algéro-tunisiennes.
Le président Tebboune a déjà adressé, samedi dernier, un message, sur le ton de l’instruction, pour «ne pas entraver la circulation des citoyens tunisiens souhaitant entrer en Algérie ou en sortir». Il s’agit visiblement pour les deux chefs d’Etat de balayer tout ce qui est de nature à altérer l’entente entre les deux pays voisins et de continuer à consolider les efforts, notamment dans les secteurs économiques, visant particulièrement à développer les zones frontalières, tout en œuvrant à renforcer le partenariat dans divers domaines dont le tourisme.
Ces défis de l’ordre du développement économique peuvent ainsi se reposer sur les convergences politiques et sur les différents dossiers bilatéraux et internationaux. En effet, entre Alger et Tunis, le partenariat semble se renforcer davantage sur la base de la convergence de vue sur les questions qui concernent le monde arabe, celle de la Palestine en particulier, et le Maghreb où la crise libyenne suscite toujours des inquiétudes.
La convergence algéro-tunisienne s’est par ailleurs manifestée, au mois de novembre dernier à Alger, à l’occasion du dernier Sommet de la Ligue arabe. Auparavant, le président tunisien Kaïs Saied a décidé d’accueillir en personne le Président du Polisario et de la RASD, Brahim Ghali, à Tunis lors du Forum Japon-Afrique (Ticad) qui s’est tenu dans la capitale tunisienne fin août dernier, provoquant une crise politique et diplomatique inédite entre Tunis et Rabat sur le Sahara occidental.
Dans le bilatéral, l’Algérie et la Tunisie sont liées depuis décembre 2021 par 27 accords de coopération signés à Tunis par les chefs d’Etat algérien et tunisien. Ces accords portent notamment sur les secteurs de la Justice, de l’Intérieur et des Collectivités locales, de l’Energie et des Mines, des Petites et Moyennes entreprises et Start-ups, de l’Industrie pharmaceutique, de l’Environnement, des Affaires religieuses. Les accords touchent aussi les domaines de l’Education et de la formation professionnelle, de la Pêche, de l’Information, ainsi que de la Culture, sans oublier la coopération sécuritaire.
Figure également dans le registre de la coopération algéro-tunisienne le Comité bilatéral énergie et mines dans la mesure où les travaux de ce comité mixte, tenu au mois de mai dernier, ont été sanctionnés par la signature d’un procès-verbal qui prévoit notamment la poursuite des discussions autour de la demande tunisienne d’augmentation des volumes contractuels des livraisons de gaz naturel, des quantités en GPL et en gaz butane.
Le procès-verbal comprend également «l’examen par la partie algérienne des mesures portant le renforcement de la société mixte dans l’amont pétrolier entre Sonatrach et l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (ETAP)», ainsi que «l’examen par le Groupe Sonatrach des nouvelles propositions de blocs d’exploration en Tunisie».
Il prévoit aussi «la demande de développement des capacités d’interconnexion pour consolider le système électrique», ainsi que «l’examen des possibilités de coopération dans le domaine minier, notamment l’exploitation et la transformation de produits phosphatés, ainsi qu’en matière d’échanges d’expérience, de la formation et les énergies renouvelables». n