Synthèse de Feriel Nourine
Le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a entamé, hier, une visite officielle de deux jours en Algérie, à la tête d’une délégation officielle.
S’exprimant à l’issue de son arrivée à Alger, M. Diop a indiqué qu’il était porteur d’un message du Président de la transition au Mali, M. Assimi Goïta, adressé au Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, ajoutant que le développement du partenariat entre Alger et Bamako sera évoqué au cours de la réunion du Comité bilatéral stratégique prévue aujourd’hui.
Saluant la «solidité» des relations bilatérales, M. Diop a indiqué que les deux pays voisins ont de «forts liens d’amitié et de fraternité», et sont «unis par l’histoire, la géographie, la culture et font face à des défis communs, liés à la stabilité, à la sécurité et à la paix». «Ma visite constitue une occasion pour nous d’échanger avec nos frères algériens sur notre compréhension de ces défis auxquels nos pays font face, et pour mettre en place une stratégie qui nous permet de protéger nos populations et de mettre nos pays et régions à l’abri», a-t-il déclaré. «Le Mali traverse une période difficile, une période de transition politique, en même temps il fait face à un défi sécuritaire important», a ajouté le ministre malien, dont le pays a connu récemment une série d’attaques terroristes dans le nord qui ont fait une cinquantaine de morts. M. Diop aura des entretiens aujourd’hui avec le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, avant la tenue de la conférence prévue aujourd’hui Alger sur le rôle de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) dans la stabilité de l’espace sahélo-saharien.
Le chef de de la Minusma, El-Ghassim Wane, était en visite en Algérie hier. Il a eu des discussions avec M. Lamamra. «Nous avons saisi cette opportunité pour faire le point sur l’état de la mise en œuvre de l’accord de paix» issu du processus d’Alger, a déclaré M. Wane à la presse, à l’issue de cet entretien. Le responsable onusien a indiqué que sa discussion avec le chef de la diplomatie algérienne a porté également sur les moyens de «travailler ensemble aux côtés des acteurs maliens pour les aider à mener à bien ce processus». «L’Algérie joue un rôle crucial dans le processus de paix au Mali. Elle est le chef de file de la médiation internationale et préside le Comité de suivi de l’accord», a indiqué, à ce titre, El-Ghassim Wane.
Soulignant la première priorité stratégique de la mission onusienne qui consiste à soutenir la mise en œuvre du processus d’Alger, le chef de la Minusma a relevé que l’application de l’accord d’Alger a enregistré des avancées indéniables». «Il est évident qu’il faudra aller encore plus vite», a-t-il toutefois préconisé, déclarant que l’entretien avec M. Lamamra a permis d’«échanger ce que nous pouvons faire ensemble».
Concernant le rôle de la mission, elle va s’ajuster sur le terrain pour parer au départ de la force française Barkhane, a déclaré son chef. «Toute modification de l’opération Berkhane a un certain nombre d’implications que nous sommes en train d’étudier et nous allons nous ajuster en conséquence» a-t-il déclaré à l’APS. Le retrait de Barkhane «des zones où elle était présente aura un certain nombre d’impacts qui doivent être étudiés et nous devons prendre des mesures correctives nécessaires», ajoute le responsable onusien. Il précise que la demande formulée par le Secrétaire général de l’ONU, d’augmenter les effectifs de la mission onusienne, n’a pas encore reçu l’aval du Conseil de sécurité. «Il appartient au Conseil de sécurité d’étudier la requête et de donner la suite qu’il juge appropriée, aucune décision n’a encore été prise», dira-t-il à ce propos. Dans un rapport daté du 15 juillet, Antonio Guterres a recommandé d’augmenter la force de paix Minusma d’environ 2 000 casques bleus afin de mieux couvrir le centre du Mali et avec davantage de mobilité.
La Minusma, qui est actuellement une des missions de paix de l’ONU les plus coûteuses et les plus dangereuses pour ses membres, est autorisée jusqu’à présent à déployer au Mali jusqu’a 13 289 militaires et 1 920 policiers.
En juin dernier, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé une réduction de la présence militaire de la France au Sahel qui implique la fermeture de bases et la fin de l’opération Barkhane qui compte 5 100 soldats déployés au Mali. Cette transformation implique la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure et la mise en œuvre d’une alliance internationale associant les Etats de la région et les partenaires de la France, avait alors déclaré le président français.
A une question sur la situation qui prévaut au Mali au lendemain des attaques terroristes de Ouatagouna, au nord du pays, qui ont fait une cinquantaine de morts, le chef de la Minusma a répondu que ces actes terroristes mettent en évidence la nécessité de travailler davantage pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. n