Annoncée la semaine dernière par Matignon, la visite de la Première ministre française, Elisabeth Borne, en Algérie aura finalement lieu les 9 et 10 octobre prochain, selon la même source. Une date attendue, voire évoquée par l’ensemble de la presse, sachant qu’elle coïncide avec la tenue avec de la 5e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), à Alger.

Par Feriel Nourine
En effet, Mme Borne viendra en Algérie pour présider avec le Premier ministre, Aymen Benabderrahmane, cette session. Laquelle intervient dans une étape marquée par un retour à la normale des relations entre l’Algérie et la France et une volonté affichée par les deux parties de booster leur coopération en la hissant à la dimension d’un partenariat stratégique .
Précisément, la visite de la cheffe de l’exécutif français se fera «en ligne avec la Déclaration conjointe d’Alger pour un partenariat renouvelé entre l’Algérie et la France» adoptée à l’occasion de la visite en Algérie du président français, Emmanuel Macron, fin août dernier, a fait savoir hier Matignon dans un communiqué.
La 4e session du CIHN remonte à décembre 2017. Elle s’était tenue à Paris, quelques jours après la première visite de Macron en Algérie, quelques mois après son élection pour un premier mandat présidentiel. Le comité ne s’est plus réuni depuis cette date, empêché de le faire notamment par les tensions politiques entre les deux pays et les restrictions sanitaires imposées par la pandémie de covid-19.
Après le gel des relations entre les deux pays pendant plusieurs mois, provoqué par les propos tenus par Macron à l’égard de l’histoire de l’Algérie, la normalisation semble bel et bien avoir été accomplie. Elle a été aussi officiellement actée par la récente visite en Algérie d’Emmanuel Macron. Les discussions qu’a eues à l’occasion le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue français ont été, de ce fait, systématiquement inscrites dans une vision orientée vers l’avenir de la coopération bilatérale, mais aussi celle portant sur la scène régionale à travers des dossiers d’intérêt commun.
Lors des discussions qu’ils ont eues, les deux chefs d’Etat ont mis en avant l’opportunité de réactiver les outils de coopérations qui serviraient cette coopération, dont le CIHN et les visites des hauts responsables des deux pays. «Nous avons convenu d’intensifier les efforts pour développer nos relations selon des actions pratiques étudiées et un calendrier fixe pour réactiver les outils de coopération (…), notamment le CIHN, le Cofema et le dialogue stratégique Algérie – France ainsi que l’intensification des visites des responsables des deux pays à tous les niveaux, de développer la coopération technologique et culturelle et de renforcer des échanges économiques entre les deux pays», avait indiqué, entre autres, Abdelmadjid Tebboune, à l’issue de ces discussions.
Et c’est dans cet esprit que la Première ministre française sera prochainement à Alger, à la tête d’une importante délégation, dont des membres du gouvernement qui se réuniront avec leurs homologues algériens pour «réaffirmer leur détermination à promouvoir l’amitié entre la France et l’Algérie, et approfondir la coopération bilatérale dans les domaines d’intérêt commun», indique encore Matignon, soulignant que «la jeunesse des deux pays» sera au menu de ce CIHN, «qui permettra également d’avancer sur les questions économiques et la transition écologique».
Lors de cette visite, les deux dirigeants avaient par ailleurs ouvert la voie à un assouplissement du régime de visas accordés à l’Algérie.
Quant au dossier épineux de la mémoire, une commission algéro-française d’historiens sera installée dans un proche avenir et travaillera sur «toutes les questions» liées à la mémoire, de la période coloniale à la Guerre de libération nationale.
La coopération énergétique entre les deux pays sera, elle aussi, sans doute abordée lors de la présence d’Elisabeth Borne à Alger. Et une augmentation des livraisons de gaz algérien à la France est attendue pour être officiellement annoncée, et confirmer les informations rapportées par la presse française au lendemain de la visite d’Emmanuel Macron, faisant état d’une hausse de 50% des volumes vendus par Sonatrach à Engie.
Des annonces seront faites «prochainement» sur une possible augmentation des livraisons de gaz algérien à la France, avait alors précisé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, au lendemain d’une visite à laquelle avait pris part la directrice générale adjointe du groupe français, Claire Waysand.
A peine le Président français était de retour dans son pays, Mme Waysand a confirmé que les négociations entre Sonatrach et Engie avaient démarré, précisant qu’elles avaient pour objectif d’«augmenter la part de gaz algérien dans l’approvisionnement d’Engie».
Un accord en ce sens pourrait être signé lors du tout prochain CIHN, en guise d’opération d’envergure en cette période de crise du gaz qui frappe l’Europe. Laquelle sera versée au compte du rapprochement auquel aspirent les autorités des deux pays. <