Des dizaines de manifestants palestiniens ont été blessés hier dans de nouveaux heurts avec des religieux extrémistes israéliens sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem (Al Qods), qui visitent ce lieu qu’ils considèrent comme le plus sacré du judaïsme sous la protection des services de police israéliens «à des conditions et des heures précises», selon ces services.

Par Kahina Terki
Les forces israéliennes ont investi l’esplanade des Mosquées, appelée Mont du Temple par les juifs, afin de «déloger» les manifestants et «rétablir l’ordre», ont-ils indiqué alors que des témoins et des secouristes ont fait état d’une dizaine de Palestiniens blessés et des actes attentatoires à la sacralité du lieu. Des exemplaires du Coran ont été piétinés, selon eux.
Le Croissant-Rouge palestinien a fait état de 19 blessés palestiniens, dont cinq ont été évacués dans des hôpitaux locaux, soulignant que certains des blessés avaient été atteints par des balles en caoutchouc. Parallèlement, aux abords de la Vieille ville, située dans la partie orientale de Jérusalem occupée par Israël depuis 1967, de jeunes Palestiniens ont lancé des pierres en direction d’autocars transportant des civils israéliens qui étaient en direction de l’esplanade des Mosquées.
L’hôpital Shaare Zedek de Jérusalem a fait état de sept blessés légers par ces jets de pierre visant des autocars circulant à proximité du mur des Lamentations, lieu de prière le plus sacré dans la tradition juive, alors que la police israélienne a fait état de 18 arrestations.
Ces incidents ont eu lieu alors que se tenaient hier dimanche, en plein ramadan, les festivités chrétiennes de Pâques, ainsi que des prières pour Pessah, la pâque juive qui dure une semaine, dans la Vieille ville de Jérusalem, carrefour des trois religions monothéistes, troisième lieu saint de l’islam.
Ils interviennent dans un contexte marqué depuis des semaines par une vive tension liée à des attaques menées par deux Palestiniens dans la région de Tel-Aviv et à la violente réaction de «contre terrorisme» des forces israéliennes en Cisjordanie occupée.
Vendredi dernier, dans la matinée, de violents affrontements avaient éclaté entre la police israélienne et des manifestants palestiniens sur l’esplanade des Mosquées où sont situés le dôme du Rocher et la Mosquée Al-Aqsa. Les forces israéliennes avaient violé la sacralité de la mosquée d’Al-Aqsa. Les accrochages ont fait plus de 150 blessés palestiniens.
Dans un élan d’indignation des pays musulmans, la Jordanie, qui administre l’esplanade des Mosquées, a fait porter la responsabilité de cette nouvelle escalade des violences à Israël. Dans un communiqué diffusé hier dimanche, le ministère jordanien des Affaires étrangères a «dénoncé l’irruption des forces israéliennes dans la mosquée Al-Aqsa et l’expulsion des fidèles musulmans par la force pour permettre l’entrée d’extrémistes juifs sous leur protection».
Hussein el-Sheikh, un ténor de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, a appelé la communauté internationale à mettre fin «à l’agression flagrante» contre l’esplanade des Mosquées. «Al-Aqsa est à nous, et à nous seulement, et les juifs n’ont absolument aucun droit à son endroit», a déclaré dans un communiqué Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas. Al Qods est au centre du conflit et nous continuerons à la défendre dans une bataille ouverte contre les occupants», a ajouté M. Haniyeh.
Dans des quartiers palestiniens de Jérusalem les mosquées appelaient les fidèles à se rendre sur l’esplanade. Et dans la bande de Gaza, plus d’une dizaine de roquettes ont été tirées dimanche matin vers la mer Méditerranée, selon des médias proches du Hamas.
L’ONU avait appelé à une «désescalade» afin d’éviter que les tensions à Jérusalem ne se mue, comme l’an dernier, en guerre entre le mouvement Hamas, au pouvoir à Gaza, territoire sous blocus israélien situé à environ 80km de Jérusalem, et Israël.
Pour le porte-parole de l’Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina, la seule solution au conflit est d’établir un Etat palestinien avec El Qods comme capitale. «Toute proposition, qu’il s’agisse d’un Etat aux frontières temporaires, d’une entité ou d’un Etat dépourvu de souveraineté, ne mettra pas fin au conflit, conduira à des confrontations ainsi qu’à des guerres», a-t-il affirmé.
M. Roudeina répondait aux propos du ministre israélien de la Défense, BennyGantz, selon lesquels la solution politique avec les Palestiniens «consiste à établir une entité pour eux tout en maintenant l’hégémonie sécuritaire» israélienne. La paix ne peut être obtenue qu’en respectant les résolutions des Nations unies, a noté M. Roudeina.
Hier, dimanche, les Palestiniens commémoraient aussi le 48e anniversaire de la Journée du prisonnier», le 17 avril, qui coïncide cette année avec une escalade sans précédent dans les territoires palestiniens notamment dans la ville sainte d’El-Qods, où l’occupant poursuit ses incursions et perquisitions dans plusieurs localités. Environ 400 Palestiniens ont été arrêtés par les forces sionistes depuis le début du mois d’avril. Selon les institutions palestiniennes concernées par les affaires de prisonniers, environ 4.500 prisonniers palestiniens sont détenus dans les geôles israéliennes, parmi lesquels il y aurait 34 femmes.
A La Ligue arabe, l’Union européenne et plusieurs pays ont appelé à la «cessation immédiate des violences» et à la retenue afin de prévenir toute nouvelle escalade.

Le pape plaide pour un accès «libre» aux lieux saints

Le pape François a plaidé hier dimanche pour un accès «libre» aux lieux saints à Jérusalem (Al Qods), où des heurts ont fait des dizaines de blessés ces derniers jours sur l’esplanade des Mosquées. «Puissent Israéliens, Palestiniens et tous les habitants de la Ville Sainte, avec les pèlerins, faire l’expérience de la beauté de la paix, vivre en fraternité et accéder avec liberté aux lieux saints dans le respect réciproque des droits de chacun», a déclaré le souverain pontife lors de sa traditionnelle bénédiction «Urbi et Orbi». «Demandons la paix pour Jérusalem et la paix pour ceux qui l’aiment, chrétiens, juifs et musulmans», a-t-il ajouté devant quelque 50.000 personnes réunies sur la place Saint
Pierre. Le pape a également
prié pour «la paix pour le
Moyen-Orient, déchiré par des années de divisions et de conflits».