Le Salon international du livre d’Alger (Sila) se tient du 29 octobre au 10 novembre au Palais des expositions des Pins-Maritimes (Safex) sous le slogan «Le Livre ensemble». Cette 23e édition regroupe 47 exposants représentant  54 nationalités, selon le coordinateur du Sila, Mohamed Irgueb. Parmi les maisons d’édition algériennes présentes à la Safex, et plus exactement au Pavillon Central, au stand B 34,  Al Bayazin, dont le siège se trouve à la Résidence Petit-Hydra (Alger). Elle est gérée par Ismet Baba-Moussa, qui a bien voulu se prêter, à cette occasion,  à notre jeu de questions-réponses.

Reporters : Un mot sur votre maison d’édition…
Ismet Baba-Moussa : Al Bayazin, comme vous le savez, est une maison d’édition qui a pour mission de valoriser le patrimoine matériel et immatériel de l’Algérie, à travers des livres de vulgarisation afin de les rendre accessibles au grand public. Souvent, nos compatriotes semblent ignorer la richesse de notre pays. Dans le domaine qui est le nôtre, nous avons pour devoir de faire en sorte que l’Algérien se réapproprie son patrimoine. Elle hérite de l’expérience de la maison d’édition AdDiwan qui s’était notamment illustrée dans l’élaboration des premiers Pocket-guides des villes d’Alger, d’Oran et de Annaba… Par le biais de ses différentes collections, Al Bayazin aspire à contribuer à une meilleure connaissance des richesses historiques, archéologiques et des spécificités de notre pays et du pourtour méditerranéen. Sites antiques, villes, régions, wilayas et enfin pays du Maghreb, constituent les champs d’investigation de nos collaborateurs spécialistes.

Depuis combien d’années vous occupez le paysage éditorial ?

Nous avons dix ans d’existence. Al Bayazin a, en réalité, hérité du fonds éditorial des éditions HS, créées vingt années auparavant par Hocine Seddiki. Précisément parce que notre héritage est multiple que notre pays est si riche. Nous sommes aussi bien dans un axe Nord-Sud avec une influence européenne tout en étant pleinement africains, que dans l’axe Orient-Occident où nous sommes arabes et sémites mais aussi berbères.

Pourquoi le choix 
du nom Al Bayazin ?
L’Andalousie a été l’un des exemples de ce rayonnement. Un quartier dans cette contrée porte le nom d’Al Bayazin (L’Albaicín ou Albayzín est un quartier andalou bâti sur une colline de Grenade en Espagne, ndlr), forme plurielle d’Al Baz, qui peut se traduire par «faucon» en langue arabe. C’est en voulant rendre hommage à cette partie importante de notre histoire commune, que le fondateur de la maison d’édition lui a donné ce nom.

Qu’apporte le Sila à 
Al Bayazin ?
Le Sila demeure l’une des plus grandes manifestations culturelles dans notre pays. Quand bien même cet engouement n’est pas constant à longueur d’année, il constitue une lueur d’espoir. La flamme n’est pas éteinte et nous sommes persuadés que la culture brillera dans notre pays. Si d’aucuns viennent pour acheter des livres, nous n’envisageons pas le SILA comme étant une « gigantesque librairie » mais surtout un espace de rencontres et d’échanges entre professionnels, passionnés ou de simples curieux. Les confrères éditeurs se côtoient -et au point où on en est dans notre pays, il est crucial qu’ils s’entraident-, accompagnés des imprimeurs, des auteurs et tous ceux qui participent dans ce fabuleux monde livresque, y compris celui sans qui rien ne saurait voir le jour, à savoir le lecteur. Pour nous, c’est la rencontre avec nos lecteurs qui est vecteur d’émotion.

Qu’est-ce que vous avez ramené dans vos bagages ?

En plus des anciens titres, en l’occurrence des guides sur la Tunisie, le Mzab, la Kabylie, la Casbah, Oran, Alger, Boumerdès, Dar Abdelatif, ainsi que des livres sur les frères Barberousse, le Bey Mohamed El Kebir, Kaki et Alloula, nous avons cette année des nouveautés, à savoir Istanbul, un livre de plus de 500 pages résultant à des années de recherches et de dur labeur. Il constitue le premier guide sur la Turquie fait par des Algériens. Outre la valorisation du patrimoine national, Al Bayazin s’attèle à mettre en valeur le pourtour méditerranéen avec les pays qui ont une histoire commune avec nous. Après Rachid Mekhloufi, Salima Souakri, ceinture noire, cœur blanc, cet ouvrage a été réalisé avec le soutien de Ramy Foot. Il s’insère dans la «collection sport » qui glorifie nos champions sportifs, Al Burda. Dans la collection «œuvres majeures», ce poème est une ode au Prophète de l’Islam (QSSL) ; Constantine… Généralement présentés en langue française, nos ouvrages tendent à être publiés dans la langue nationale et même en anglais.

De prochaines parutions sur  votre agenda ?
Deux manuscrits sont sur mon bureau ; il s’agit de Tlemcen et Béjaïa. Ceci dit, il faut savoir que le principal obstacle que nous rencontrons, c’est le financement des ouvrages. En effet, comme vous vous en doutez, la vente seule ne suffit pas. La maison d’édition doit compter sur le sponsor et ce n’est pas toujours aisé de le faire. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avancer sans ça, auquel cas nous serions déficitaires pour chaque titre paru. L’austérité n’encourage pas, non plus, les entreprises à se lancer dans ce créneau-là…

Je présume que vous avez des collaborateurs ?

Oui, je peux citer Mounjia Abdeltif, enseignante universitaire à l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger, une descendante des derniers acquéreurs de Dar Abdeltif, Hachemi Ameur, diplomé de l’Ecole des beaux-arts, spécialité miniatures, Fayçal Chehat, journaliste indépendant, le défunt Mokhtar Chaâlal, ex-directeur de la Maison de la culture de Sétif, le regretté Smaïl Benhassir, reporter globe-trotter, Allal Bekkaï, journaliste, artiste…n