Plaidoyer pour le multilatéralisme, rapprochement avec la Chine et la coopération sud-sud ont été les principaux thèmes abordés par le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, représentant du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, lors de son allocution au premier sommet sino-arabe de coopération et de développement qui s’est tenu à Ryad, vendredi 9 décembre.

Par Lyes Sakhi
Un discours aux allures militantes pour le non-alignement qu’on peut comprendre comme un rappel des positions traditionnelles de la politique étrangère algérienne et, c’est une hypothèse, comme une réaction à l’actualité récente dont celle qui a été marquée, mardi 6 décembre, par le déplacement à Alger du coordinateur américain des questions de sécurité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, Brett Mc Gurk : une visite que des observateurs ont compris comme l’expression de la recherche d’un moyen de pression des Etats-Unis sur l’Algérie dont la proximité avec la Russie, depuis que ce pays a envahi l’Ukraine, est devenue un sujet de toutes les attentions à Washington et dans d’autres capitales occidentales hostiles à Moscou.
A propos de militantisme pour le non-alignement et d’encouragement de rapprochement avec la puissance chinoise, le Premier ministre algérien a déclaré que «dans un contexte marqué par la polarisation de l’ordre mondial et l’incapacité de l’ONU à résoudre les conflits dans notre région et dans le monde, le renforcement des relations stratégiques entre le Monde arabe et la Chine contribuera à l’émergence d’un monde multilatéral, loin des politiques individuelles et des visées d’hégémonie». Aïmene Benabderrahmane a tenu presque le même discours que le chef du Conseil de la Nation (Sénat), jeudi 8 décembre à Alger, lorsque Salah Goudjil a déclaré que l’Algérie a opté historiquement pour le non-alignement et que «les Non-alignés en tant que groupe nécessitent une révision pour avoir un mot à dire face aux changements dans le monde, au sein de l’ONU, sur la sphère économique ou encore dans les relations avec les Etats».
Pour Aïmene Benabderrahmane, le sommet sino-arabe est à considérer comme une nouvelle étape dans le processus d’établissement d’un partenariat stratégique entre la Chine et les Etats arabes, basé sur le respect mutuel, la coopération fructueuse et la croissance commune, en plus d’être une valeur ajoutée pour l’établissement d’un nouveau système économique international plus équilibré et de l’ériger en modèle de coopération sud-sud». En ce qui concerne le bilatéral, la relation entre l’Algérie et la Chine, a-t-il dit, est marquée par des liens «historiques et stratégiques». Les deux pays, a-t-il ajouté, «ont également des positions convergentes sur de nombreuses questions d’intérêt commun, et apportent leur soutien mutuel à leurs intérêts fondamentaux».
Dans ce contexte, il a indiqué que le processus de coopération entre les deux pays «a abouti à la signature de la Déclaration d’établissement de relations de partenariat stratégique global en 2014, ainsi que l’adoption du 2e Plan quinquennal de coopération stratégique globale (2022-2026), ainsi que la signature au cours de ces derniers jours, du «Plan exécutif pour la concrétisation conjointe de l’Initiative de la Ceinture et de la Route (nouvelle route de la soie, ndrl) à laquelle l’Algérie a adhéré en 2018, et le Plan triennal 2022-2024 de coopération dans des domaines stratégiques».
M. Benabderrahmane a, par ailleurs, évoqué le Sommet arabe abrité à Alger novembre dernier, en soutien à la cause palestinienne pour «appeler à la tenue d’une Assemblée générale extraordinaire en vue d’attribuer à la Palestine la qualité de membre à part entière à l’ONU», invitant la Chine à «adhérer à cette démarche et à soutenir la position arabe».
«Je me félicite de notre position commune à l’égard de la question palestinienne qui constitue la cause centrale du Monde arabe, ce qui requiert une intensification des efforts des deux parties à même de trouver une solution juste, inclusive et permanente», a ajouté le Premier ministre., soulignant que la Chine «n’a jamais hésité à apporter son soutien à la question palestinienne et aux mouvements de libération dans les pays arabes, de même que les pays arabes n’ont jamais manqué d’appuyer le principe de l’Unicité de la Chine et le rétablissement de son siège légitime à l’ONU». Le sommet sino-arabe, selon le Premier ministre algérien, «est un nouveau rendez-vous avec l’histoire en vue de poursuivre l’approfondissement de la coopération bilatérale qui a connu, ces dernières années, un bond qualitatif, avec des échanges commerciaux et des investissements communs ayant atteint des niveaux records, érigeant ainsi la Chine en premier partenaire commercial des pays arabes qui sont, à leur tour, le septième partenaire commercial de la Chine et son premier fournisseur en pétrole brut». Ce partenariat, a-t-il dit, «a atteint une nouvelle phase, en instituant le +Forum sur la coopération sino-arabe+ en 2004, comme cadre global de la coopération collective, appuyé par des mécanismes politiques et socio-économiques, suivi ensuite par l’adhésion des pays arabes à l’initiative de la nouvelle route de la soie à ses projets».
Et d’ajouter: «Nous affirmons notre soutien à cette initiative qui s’appuie sur les programmes de développement dans les domaines des infrastructures de base, des communications et de l’énergie, ce qui est à même de créer une interconnexion entre nos économies et de conférer davantage de souplesse et de flexibilité à nos échanges commerciaux et construire un espace plus large pour nos investissements communs».
Pour rappel, M. Benabderrahmane a été reçu vendredi 9 décembre à Riyad par le président chinois Xi Jinping, en marge des travaux du sommet sino-arabe. <