Alors que les comptes extérieurs affichaient au tout début du précédent exercice un solde plutôt déficitaire, le déficit a cédé le terrain à l’excédent, au tableau, une plus-value de 14 milliards de dollars sur le compte de la balance commerciale à la fin août dernier.

Par Hakim Ould Mohamed
L’excédent de la balance commerciale devrait dépasser les 17 milliards de dollars à la fin de l’année 2022, selon les projections du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane. Selon lui, cette évolution positive constatée sur la courbe des échanges de biens et services avec l’extérieur s’explique, en partie, par la hausse des exportations hors hydrocarbures. « La balance commerciale a enregistré un excédent de 14 milliards de dollars à la fin août et nous prévoyons un excédent de plus de 17 milliards de dollars à fin 2022 », a indiqué Aïmene Benabderrahmane dans une allocution prononcée à la clôture de la réunion Gouvernement-walis tenue au Palais des Nations. Précisant que la valeur des exportations hors hydrocarbures a atteint 4,4 milliards de dollars à fin août et devrait atteindre 7 milliards de dollars à la fin 2022.
Le surplus enregistré par la balance commerciale s’explique, ainsi, de l’avis du Premier ministre, par le retour sur investissement en matière de politique de soutien des exportations hors hydrocarbures. Bien évidemment, le retour à l’excédent de la balance commerciale n’est pas sans conséquences sur les autres comptes extérieurs de l’Etat, puisque, note le Premier ministre, les réserves de change ont enregistré récemment « une nette augmentation, dépassant le taux prévu ». Selon les propos du Premier ministre, l’effort en matière de régulation et de rationalisation des importations a donné ses fruits. Il s’agit, plus précisément, selon lui, d’une politique qui visait à « réguler et rationaliser les importations et non pas les freiner, contrairement aux allégations de certaines parties malveillantes ». Cela favorisera « la protection du produit national pour que nous assoyons un tissu agricole et industriel développé constituant la pierre angulaire d’une économie nationale solide garantissant au pays sa sécurité nationale dans son sens global », a soutenu le Premier ministre.
Ainsi donc, l’Algérie, qui n’avait pas connu de solde positif de la balance commerciale depuis plusieurs années, renoue avec les excédents. Les déficits ont commencé à être résorbés depuis le début du précédent exercice, coïncidant avec une remontée des cours du brut, alors que les conséquences de la crise sanitaire sur l’économie mondiale commençaient à s’estomper.

De bon augure pour les réserves de change
Ce bon résultat constaté sur la courbe de la balance commerciale est pour le moins prévisible compte tenu de la combinaison de certains facteurs, à la fois exogènes et endogènes, se rapportant essentiellement à la hausse de la contribution des exportations hors hydrocarbures, aux mesures protectionnistes en matière d’importation, mais aussi à une remontée spectaculaire des prix du pétrole, combinée à une hausse des quantités exportées de pétrole et de gaz, en période de forte demande aux combustibles fossiles. Ces chiffres couronnent une excellente année pour les finances publiques et les comptes extérieurs ; lesquels semblent migrer à nouveau au vert après plusieurs années de déficits. La balance des paiements devrait bénéficier, elle aussi, de ce retour à l’excédent des transactions commerciales avec l’étranger, puisque le déficit commercial de ces dernières années, dû essentiellement à la chute des cours du brut, s’est traduit pas le creusement de la balance des paiements qui, lui, a accéléré l’érosion des réserves de change du pays. En lien avec les déficits du solde global de la balance des paiements, les réserves de change de l’Algérie ont chuté d’un plus haut de près de 194 milliards de dollars au premier semestre de 2014 à 44 milliards de dollars à fin septembre de l’année dernière, soit une perte sèche de 150 milliards de dollars. Mathématiquement, avec la hausse de l’excédent commercial et, plus globalement, celui de la balance de paiements, les réserves de change devraient enregistrer les premières plus-values depuis le contre-choc pétrolier de 2014. La hausse de la valeur du dollar pourrait se traduire également par une hausse des dividendes des placements libellés en billet vert. Sauf que cette hausse de la valeur de la monnaie américaine qui pourrait être bénéfique pour les réserves de change de l’Algérie pourrait être contrebalancée par la baisse de l’euro qui, elle, se traduirait par la baisse des réserves placées en devise européenne. Globalement, le retour à l’excédent de la balance commerciale est de bon augure pour les comptes extérieurs de l’Algérie, malmenés ces dernières années par la chute des prix du pétrole. Cependant, le gouvernement ne doit pas perdre de vue la nécessité de reprendre la main sur les réformes économiques et les ajustements budgétaires afin de rétablir durablement la balance des paiements car l’envolée des cours du brut pourrait être de courte durée. n