Les importations de véhicules neufs par voie de concessionnaires agréés attendent toujours leur heure. Elles tardent à arriver sur fond de promesses non exécutées sur le terrain et d’une série de mesures contenues dans les cahiers des charges élaborés ces trois dernières années.
Par Feriel Nourine
Le marché de l’automobile est toujours livré à la pénurie et les importateurs multimarques et autres spécialistes de l’occasion sont en train d’en faire une opportunité à forts dividendes financières en pratiquant des prix qui défient toute logique commerciale. L’acquisition d’un véhicule a fini par devenir une opération impossible pour la majorité des Algériens, alors que les opérateurs ayant souscrit auprès du ministère de l’Industrie une demande d’agrément donnant droit à l’activité de concessionnaire automobile multiplient les appels en directions des autorités du pays pour décrocher ce sésame. C’est ce qu’ils viennent de faire une nouvelle fois à travers l’association Groupement des concessionnaires automobiles (GCA). Dans un communiqué qu’il vient de publier «à l’attention de l’opinion publique», le GCA dément les rumeurs relayées ce derniers jours sur certains sites et sur les réseaux sociaux faisant état de 2 milliards de dollars dégagés par l’Etat ainsi que l’attribution de 12 agréments pour l’entame des importations de véhicules neufs avant la fin de l’année en cours. «Ces informations visent à semer la confusion au sein de l’opinion publique et à confondre les efforts inlassables de réimporter des voitures par le biais d’agents officiels», estime le groupement, avant de rappeler que le montant de 2 milliards de dollars a «été précédemment annoncé par l’ancien ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali, dans le cadre du décret exécutif n°20-27 du 19 août 2020». Un texte qui n’est jamais entré en application, puisqu’il allait être modifié par un nouveau texte fixant les conditions et les modalités d’exercice de l’activité de concessionnaires de véhicules neufs, que le ministère de tutelle a élaboré sans pour autant mettre fin à l’attente des nombreux opérateurs ayant déposé leurs dossiers dans cet objectif. Sa publication avait été annoncée pour janvier 2022, mais à ce jour aucun signe à l’horizon. Les prétendants à l’activité de concessionnaire sont toujours au point de départ et dans le flou total. C’est ce qu’ils disent une nouvelle fois dans le démenti qu’ils viennent de rendre public concernant l’attribution d’agrément à 12 opérateurs. Une «information sans fondement», relève à ce propos le GCA, soulignant que «cela n’est vrai que si les agents demandeurs d’agrément reçoivent des notifications confirmant la réception de l’agrément par le ministère de tutelle». «Ce qui n’est pas arrivé à ce jour», précisent-ils, alors que les opérateurs attendent toujours une réponse du ministère de l’Industrie depuis au moins deux années. Surtout depuis l’engagement des plus hautes autorités du pays à trouver un règlement à la crise du marché automobile qui, elle, dure depuis déjà plus de trois années, après la fermeture des quelques usines d’assemblage qui permettaient à ce marché d’être alimenté, ne serait-ce qu’à quotas réduits par rapport à l’offre existante avant la suspension des importations du neuf en 2017.
Les déclarations, en février dernier, du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, concernant le règlement du dossier des importations de véhicules avant la fin du premier trimestre avaient ressuscité l’espoir chez les souscripteurs à cette activité, notamment ceux convaincus de répondre aux conditions requises en la matière. Le GCA n’avait d’ailleurs pas tardé à adresser une lettre au chef de l’Etat dans laquelle il réitère l’engagement de la corporation à respecter le cahier des charges. En ce sens, les concessionnaires avaient manifesté leur disponibilité à mettre sur le marché les premiers véhicules dès le mois de juillet, avec un véhicule d’entrée de gamme à moins de 1 million de dinars. Un engagement resté sans écho de la part des pouvoirs publics. Ces derniers n’évoquent quasiment plus le dossier des importations de véhicules et s’emploient, quand l’occasion se présente, d’insister sur l’industrie mécanique comme axé principal, sinon unique, pour relancer le marché des véhicules neufs. Voyant les choses évoluer de la sorte, les opérateurs en attente d’un agrément sont revenus à la charge, il y a à peine un mois. Dans une nouvelle lettre adressée au président de la République, le 7 juillet dernier, ils se sont engagés à «mettre en place une industrie locale de l’automobile à travers une véritable transformation technologique, dans une période n’excédant pas trois ans à compter de la date de délivrance des crédits». En attendant cette étape, ils ont appelé à «ouvrir l’importation aux véhicules neufs d’une manière délibérée», tout en assurant «l’exploitation optimale des devises, en se basant sur deux points : les besoins actuels du marché local et les perspectives d’avenir du parc automobile en Algérie».
Les concessionnaires ont également proposé que la délivrance des crédits soit «conditionnée à une promesse écrite, de la part du concessionnaire bénéficiaire, d’une volonté d’investir dans l’industrie automobile dans un délai maximum de trois ans». Un message qui est resté sans réponse, semble-t-il, de la part des pouvoirs publics. Pendant ce temps, des réseaux de revendeurs sont en train de prendre place sur le marché, proposant des véhicules qui coûtent jusqu’à trois fois leur prix d’avant la pénurie. n