Le départ de Donald Trump de la Maison-Blanche et l’arrivée d’une nouvelle administration n’empêchent pas les Américains de rééditer les appels de Trump en faveur de la hausse de la production du pétrole de l’Opep et de l’Opep+. Hier, l’Administration Biden a repris à son compte les méthodes de Donald Trump, estimant que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) n’en font « pas assez » sur la production de pétrole, menaçant la reprise de l’économie mondiale.

Pa Hakim Ould Mohamed
Ces critiques ont été proférées, hier, par le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan : « La hausse des coûts de l’essence, si elle n’est pas maîtrisée, risque de nuire à la reprise mondiale en cours », a-t-il affirmé dans une déclaration. « Alors que l’Opep+ s’est récemment mise d’accord pour augmenter la production, celle-ci n’effacera pas les coupes qu’elle a imposées durant la pandémie », a-t-il ajouté, dont les propos ont été relayés par l’agence AFP. L’accord de juillet, critiqué par l’Administration américaine, prévoit que les 23 membres du groupe augmentent leur production de 400 000 barils par jour (bpj) chaque mois à compter d’août courant. Cette hausse progressive de la production cumulée des 23 pays siégeant dans l’Opep+ est ainsi jugée insuffisante par les Etats-Unis mais aucune demande officielle d’augmentation de la demande pétrolière n’a été adressée à l’Opep. Il s’agit d’une première sous l’actuelle Administration Biden. « Le président Biden a clairement indiqué qu’il souhaitait un accès à des prix de l’énergie abordables et fiables, y compris à la pompe », affirme son conseiller à la Sécurité nationale, soulignant, sur sa lancée, que « bien que nous ne soyons pas membres de l’Opep, les Etats-Unis s’adresseront toujours à leurs partenaires internationaux pour les questions importantes qui touchent à nos affaires économiques et à la sécurité nationale ».
Les prix du pétrole ont aussitôt chuté, hier, dans la matinée, après que la Maison-Blanche ait annoncé avoir appelé l’Opep et ses alliés à augmenter la production de pétrole pour soutenir la reprise mondiale. Les contrats à terme sur le brut West Texas Intermediate ont chuté de plus de 1% à environ 67,52 dollars le baril, vers 13H. Le brut de référence européen, le Brent en l’occurrence, a également chuté de plus de 1% à environ 69,90 dollars le baril. Les deux contrats se sont négociés à plus de 70 dollars le baril ces dernières semaines. Les deux cours de référence du brut de part et d’autre de l’Atlantique avaient déjà perdu aux alentours de 2,5%, lundi, avant de les regagner le lendemain.La chaîne d’information spécialisé, CNBC, a rapporté que des responsables américains ont tenu des pourparlers, cette semaine, avec les représentants de certains membres influents de l’Opep.
En effet, selon la chaîne d’information spécialisée CNBC, des responsables américains se sont entretenus cette semaine avec des représentants des pays leaders de l’Opep, à savoir l’Arabie saoudite, ainsi qu’avec des représentants des Emirats arabes unis et d’autres membres de l’Opep+. Le but étant d’inviter l’Opep+ à revoir à la hausse ses niveaux de productions ; les hausses décidées en juillets jugées insuffisantes. En pleine pandémie de Covid-19, l’alliance Opep+ s’était engagée en avril 2020 à retirer volontairement du marché 9,7 millions de barils par jour puis à les réintroduire progressivement d’ici à la fin du mois d’avril 2022. Cette échéance a finalement été reculée de plusieurs mois, jusqu’en décembre, car elle apparaissait trop rapprochée au rythme actuel de réouverture des vannes, plusieurs fois ralenti à cause des soubresauts de la crise sanitaire.
L’Opep+ fait de surcroît face à une équation complexe, entre une reprise de la demande, bien que toujours fragile, un retour probable à moyen terme des exportations iraniennes et des prix élevés qui provoquent le mécontentement de certains gros importateurs comme l’Inde.