Selon un bilan provisoire, plus d’un millier de personnes ont été tuées dans le puissant séisme qui a frappé le Sud-Est de l’Afghanistan dans la nuit de mardi à mercredi. «Le bilan a atteint les 1 000 morts et ce chiffre augmente. Les gens creusent tombe après tombe», a déclaré
le chef du service de l’Information et de la Culture de la province de Paktika, Mohammad Amin Huzaifa, dans un message à la presse. L’Algérie, par la voix de sa diplomatie, a exprimé, hier, son entière solidarité avec le peuple afghan.
Synthèse Selma Allane
Le bilan de la catastrophe pourrait encore s’aggraver car de nombreuses personnes restent piégées sous les décombres de leurs maisons. «Nous appelons les agences d’aide à apporter une aide immédiate aux victimes du tremblement de terre afin d’éviter une catastrophe humanitaire», a twitté le porte-parole adjoint du gouvernement Bilal Karimi. Le séisme, d’une magnitude 5,9, est survenu à une profondeur 10 kilomètres vers 01H30 mercredi, tout près de la frontière avec le Pakistan, selon l’Institut sismologique américain (USGS). Une deuxième secousse de magnitude 4,5 a frappé quasiment au même endroit à la même heure, selon l’USGS. Il a été ressenti dans plusieurs provinces de la région et aussi dans la capitale Kaboul, située à environ 200 km au nord de son épicentre. Il l’a également été au Pakistan voisin, où une personne a été tuée et quelques maisons endommagées.
Des photos postées sur les réseaux sociaux montrent des maisons effondrées dans les rues d’un village, dans cette région rurale pauvre et difficile d’accès. Des vidéos montrent aussi des habitants des zones touchées chargeant des blessés dans un hélicoptère. «Une grande partie de la région est montagneuse et les déplacements sont difficiles. Cela prendra du temps pour transporter les morts et les blessés», a expliqué le ministre des Catastrophes naturelles, Mohammad Abbas Akhund. Les services de secours sont inadaptés en Afghanistan pour faire face seuls à une catastrophe naturelle majeure. «Le gouvernement fait au mieux de ses capacités», a twitté Anas Haqqani, un autre haut responsable taliban. «Nous espérons que la communauté internationale et les organisations humanitaires aideront aussi les gens dans cette situation terrible».
Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, s’est dit «profondément peiné» par ce drame et a indiqué que les autorités pakistanaises travaillaient à apporter leur soutien à leurs homologues afghans. «L’Union européenne suit la situation (…) et se tient prête à coordonner et fournir une aide d’urgence», a également twitté son envoyé spécial en Afghanistan, Tomas Niklasson. L’ONU a annoncé avoir déployé des équipes chargées d’évaluer l’étendue des dégâts dans plusieurs des zones touchées et, depuis le Vatican, le pape François a exprimé sa «sympathie» aux victimes. L’Afghanistan est fréquemment frappé par des séismes, en particulier dans la chaîne montagneuse de l’Hindu Kush qui se trouve à la jonction entre les plaques tectoniques eurasienne et indienne. Ces catastrophes peuvent être particulièrement ravageuses en raison de la faible résistance des maisons afghanes rurales. En octobre 2015, un puissant séisme de magnitude 7,5 avait frappé la chaîne de l’Hindu Kush, à cheval sur l’Afghanistan et le Pakistan, faisant au total plus de 380 morts dans ces deux pays. Depuis l’arrivée au pouvoir des talibans à Kaboul, en août 2021, l’Afghanistan est plongé dans une grave crise financière et humanitaire provoquée par le gel de milliards d’avoirs détenus à l’étranger et l’arrêt brutal de l’aide internationale qui portait le pays à bout de bras depuis 20 ans et qui revient désormais au compte-gouttes. n
Abris et soins d’urgence, priorité selon l’ONU
L’ONU et ses partenaires humanitaires déployaient mercredi leurs forces pour secourir les populations touchées après le puissant séisme en Afghanistan, avec pour priorité immédiate de leur fournir des abris et des soins d’urgence. Dans son premier bulletin consacré à ce séisme, le Bureau de coordination des Affaires humanitaires (Ocha) de l’Organisation des Nations unies a indiqué que «compte tenu des pluies abondantes et du froid, inhabituels en cette saison, les abris d’urgence sont une priorité immédiate». La population a également besoin dans l’immédiat de soins d’urgence, d’aide alimentaire et non alimentaire et d’une assistance en services d’eau, hygiène et assainissement. «Bien que les efforts de recherche et de sauvetage soient en cours, les fortes pluies et le vent entravent les efforts et les hélicoptères n’ont apparemment pas pu atterrir cet après-midi», a expliqué l’Ocha. L’ONU a indiqué que les organisations humanitaires partenaires ont lancé les préparatifs pour venir en aide aux familles touchées dans les provinces de Paktika et Khost «en coordination avec les autorités qui dirigent de facto» le pays. Plusieurs organisations, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et CARE, ont commencé à déployer des équipes sanitaires mobiles dans les provinces de Paktika et Khost. L’OMS a également livré 100 cartons de médicaments d’urgence à Giyan et Barmal. La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a redirigé dans l’immédiat trois équipes de santé mobiles à Paktika pour répondre aux besoins immédiats des populations. Des fournitures médicales supplémentaires sont en passe d’être mobilisées pour être envoyées depuis Kaboul. L’organisation International Medical Corps est intervenue, selon l’Ocha, dès les premières heures du matin, auprès des communautés touchées en déployant des ambulances, des médicaments et du matériel médical. Au cours de la journée à venir, les Nations unies vont mener des évaluations pour identifier les besoins dans les districts de Giyan et Barmal dans la province de Paktika.