Par Sihem Bounabi
Le tribunal du pôle pénal économique et financier de Sidi M’hamed a reporté à la date du 5 janvier prochain, à la demande de la défense, jeudi dernier, le procès pour corruption où sont poursuivis trois ex-ministres, des anciens PDG et hauts responsables de la compagnie pétrolière nationale, ainsi que 22 autres accusés.
Ainsi, l’ancien ministre de l’Energie en fuite, Chakib Khelil, et Noureddine Bouterfa, qui occupait auparavant le même poste, l’ancien ministre des Transports et des Travaux publics Ammar Ghoul, ainsi que les anciens PDG de Sonatrach Abdelmoumen Ould Kaddour et son successeur Mohammed Meziane devront comparaître avec 22 autres accusés pour les chefs d’inculpation inclus dans la loi anticorruption dont «la violation de la réglementation des marchés publics», «l’abus de fonction» et la «dilapidation de deniers publics» ainsi que d’autres accusations. Le procès a été reporté à la demande de la défense, après que le juge d’instruction de la première Chambre du pôle pénal économique et financier a décidé de rassembler quatre dossiers examinés par le juge en une seule affaire. Le premier dossier concerne 13 marchés de gré à gré obtenus par BRC (Brown and Root Condor), une filiale de Sonatrach créée avec la compagnie américaine de services pétroliers Halliburton, dirigée par Abdelmoumen Ould Kaddour puis dissoute en 2007 à la suite de soupçons de corruption.
L’enquête judiciaire a mis en avant les surcoûts de ces marchés qui auraient atteint près de 185% des montants initiaux liés aux infrastructures dans le secteur des hydrocarbures, de la construction, de la santé, de l’hôtellerie, des aéroports, de la construction, des services pétroliers et des transports, et provoqué le gaspillage de milliards de dinars. A cela s’ajoute, selon les expertises, la mauvaise qualité de certaines réalisations en dépit de leurs prix surestimés.
L’enquête a également mis en avant les montants astronomiques de la prise en charge de trois réunions du Conseil d’administration de BRC à l’étranger (deux fois aux USA et une fois en Grande-Bretagne), en présence d’une forte délégation d’invités et de cadres dirigeants. La seconde affaire est liée au marché octroyé au géant canadien de l’engineering SNC-Lavalin pour la construction d’un complexe gazier à Rhourde Ennous pour un montant de 1,2 milliard USD. Dans ce dossier, sont mis en cause l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, l’ancien PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, son ancien vice-président, Mohamed Feghouli, et d’autres cadres dirigeants de la compagnie pétrolière. Les deux autres dossiers concernent également des affaires de corruption. Pour rappel. Jeudi dernier, la Cour d’Alger a condamné l’ancien PDG du groupe Sonatrach à 10 ans de prison ferme et une amende d’un million DA dans l’affaire de corruption liée à l’acquisition de la raffinerie Augusta. Plusieurs responsables et hommes d’affaires ont également été inculpés dans cette affaire Augusta, dont Ahmed El Hachemi Mazighi, conseiller de l’ancien P-DG de Sonatrach, a été condamné à une peine de 4 ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars.
La Cour d’Alger a aussi confirmé la confiscation des biens mobiliers et immobiliers des personnes impliquées dans cette affaire. Ainsi que les comptes saisis. Auparavant, soit le 13 décembre dernier, c’est un autre PDG de Sonatrach, en l’occurrence Mohamed Meziane, condamné à 5 ans de prison ferme assortie d’une amende de 2 millions DA. Quant à ses deux fils Mohamed Réda et Bachir Fawzi, ils ont écopé d’une peine de 4 ans de prison ferme et une amende de 1 million de dinars chacun. <