PAR INES D.
Le procès en appel de l’ancienne ministre de la Culture Khalida Toumi devrait s’ouvre aujourd’hui au pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger), après avoir été reporté suite à l’hospitalisation de l’un des prévenus dans cette affaire.
Selon Maître Boudjemaâ Ghechir, membre du collectif de défense de l’ex-ministre, le procès en appel compte maintenir la même ligne de défense, à savoir l’accusée n’a «jamais été ordonnateur dans la gestion des événements culturels qui se sont déroulés à l’époque où elle était à la tête du ministère de la Culture», a-t-il déclaré récemment, ajoutant qu’elle «n’a jamais signé de contrat ni un quelconque ordre de paiement». Selon lui, il y a «confusion» dans cette affaire. C’est «le travail des enquêteurs de l’IGF qui ont créé une confusion entre la délégation de signature et la délégation de pouvoir», a-t-il affirmé.
En détention depuis novembre 2019 au niveau de l’établissement pénitentiaire de Koléa, Khalida Toumi est poursuivie pour «abus de fonction, dilapidation de deniers publics et octroi d’indus avantages» dans trois évènements du secteur de la Culture qu’elle a eu à gérer entre 2002 et 2014.
Il s’agit de «Tlemcen, capitale de la culture islamique» en 2011, «le Festival panafricain» en 2009 et la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe» en 2007.
En première instance, le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a condamné, au mois d’avril dernier, Khalida Toumi à une peine de 6 ans de prison ferme assortie d’une amende de 200 000 DA. Une peine de 4 ans de prison ferme assortie d’une amende de 200 000 DA a été prononcée à l’encontre de l’ancien inspecteur général du ministère de la Culture, Abdelhamid Benblidia. Pour sa part, l’ancien directeur de la culture de la wilaya de Tlemcen, Abdelhakim Miloud, a été condamné à 2 ans de prison ferme et à une amende de 100 000 DA.
Un point sur lequel s’est attardée Khalida Toumi lors de son audition par le juge en première instance. «Les rapports de l’IGF ont considéré à tort certaines de mes actions comme non conformes à la loi et à la réglementation parce qu’ils se sont référés à l’article 43, paragraphe 4, du code des marchés publics, et qu’ils ont ignoré les décisions gouvernementales ainsi que les décisions interministérielles entre le ministère des Finances (tutelle de l’IGF) et le ministère de la Culture autorisant des dérogations et des exceptions», avait déclaré l’ex-ministre. Elle avait également relevé que «les comptes d’affectation spéciale de ces manifestations ont été clôturés dans le cadre des lois de finances et tout le monde sait qu’aucun compte ne peut être clôturé sans passer par le contrôle de l’IGF, de la Cour des comptes et des deux Chambres du Parlement». C’est la raison pour laquelle elle se considère, a-t-elle déclaré au juge, comme «une détenue politique», une «conviction» qu’elle a dit construite sur le fait que «la décision de mon incarcération avait été prise avant l’instruction et qu’elle n’avait aucune relation avec la gestion du secteur de la culture à l’époque où j’étais ministre, mais que les manifestations internationales et le film sur l’émir Abdelkader ont été utilisés pour masquer le caractère politique de mon arrestation».
Pour sa part, Me Ghechir, qui a noté «vingt-neuf mois de détention provisoire, c’est beaucoup», a affirmé que le collectif d’avocats espère que «justice soit rendue et que Khalida Toumi soit libérée». <