L’ex-ministre de la Culture en détention depuis novembre 2019 a été condamnée en appel à 4 ans de prison ferme.
Le verdict condamnant Khalida Toumi à une peine de 4 ans de prison ferme, prononcé hier par la Chambre pénale de la Cour d’Alger, est tombé tel un couperet sur la tête des avocats de l’ancienne ministre de la Culture, qui passe son 31e mois en prison depuis sa mise en détention le 4 novembre 2019, qui s’attendaient à une peine moins lourde dans ce procès en appel.
Comme première réaction, «le collectif de défense de Khalida Toumi va introduire un recours auprès de la Cour suprême», nous a indiqué Maître Boudjemaâ Ghechir, membre du collectif, ajoutant qu’il est «hors de question d’accepter un tel verdict». Me Ghechir a fait part de son étonnement de voir l’ancienne ministre de la Culture condamnée «sur la base du code des marchés publics alors qu’elle n’était pas ordonnatrice». Il a indiqué avoir rappelé au juge de la Cour d’Alger que «la même démarche est poursuivie à l’occasion des Jeux méditerranéens d’Oran dans lesquels le commissaire de l’évènement, Aziz Derouaz, reçoit des instructions de la part des hautes autorités du pays, sans qu’il ne soit réellement l’ordonnateur». Pour l’avocat, cette réalité ne doit pas mener à des poursuites et des condamnations contre des responsables qui n’avaient jamais «signé de contrat ni un quelconque ordre de paiement», réitérant ses reproches envers les enquêteurs de l’IGF qui ont créé «une confusion entre la délégation de signature et la délégation de pouvoir». Un point sur lequel s’est attardée Khalida Toumi elle-même lors de son audition par le juge en première instance. «Les rapports de l’IGF ont considéré à tort certaines de mes actions comme non conformes à la loi et à la réglementation parce qu’ils se sont référés à l’article 43, paragraphe 4, du code des marchés publics et parce qu’ils ont ignoré les décisions gouvernementales ainsi que les décisions interministérielles entre le ministère des Finances (tutelle de l’IGF) et le ministère de la Culture autorisant des dérogations et des exceptions», avait déclaré l’ex-ministre lors de son audition. En première instance, le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a condamné, au mois d’avril dernier, Khalida Toumi à une peine de 6 ans de prison ferme assortie d’une amende de 200 000 DA. En détention depuis novembre 2019 au niveau de l’établissement pénitentiaire de Koléa, Khalida Toumi est poursuivie pour «abus de fonction, dilapidation de deniers publics et octroi d’indus avantages» dans trois évènements du secteur de la Culture qu’elle a eu à gérer entre 2002 et 2014. Il s’agit de «Tlemcen, capitale de la culture islamique» en 2011, «le Festival panafricain» en 2009 et la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe» en 2007.
En plus de la condamnation de Khalida Toumi à 4 ans de prison ferme, le tribunal algérois a condamné ses co-accusés à des peines diverses. C’est ainsi que l’ancien inspecteur général du ministère de la Culture, Abdelhamid Benblidia, a écopé d’une peine de 2 ans de prison ferme, alors qu’il était condamné, en première instance, à la peine de 4 ans de prison ferme assortie d’une amende de 200 000 DA. L’ancien directeur de la culture de la wilaya de Tlemcen, Abdelhakim Miloud, s’en sort, lui, avec une peine de 18 mois de prison ferme, une peine réduite comparativement à celle prononcée en première instance et qui l’avait condamné à 2 ans de prison ferme avec une amende de 100 000 DA.