Le Procureur de la République du Pôle pénal économique et financier du Tribunal de Sidi M’hamed a requis, hier une nouvelle peine de «cinq ans de prison ferme» en plus du versement d’une «amende de trois millions de dinars» et la «confiscation» de l’ensemble des biens, contre Djamel Ould Abbès.

Par Nadir Kadi
L’ancien responsable politique, poursuivi en sa qualité d’ex-ministre de la Solidarité, entre décembre 1999 et juin 2002, puis entre mai 2010 et septembre 2012, est soupçonné, pour rappel, par la justice de liens avec le détournement d’une importante somme issue d’un fonds d’aide aux victimes du terrorisme. Le dossier d’accusation fait référence, selon l’APS, à des actes de «dilapidation de deniers publics», d’«abus de fonction», de «blanchiment d’argent» et de «défaut de déclaration de biens».
Procès marqué ces dernières semaines par plusieurs reports, notamment à cause de l’état de santé du principal accusé. Djamel Ould Abbès, déjà condamné à huit ans de prison dans le cadre d’une autre affaire, est plus précisément accusé dans ce dossier, dit du détournement d’aides aux victimes du terrorisme, d’avoir participé ou d’avoir orchestré des actes de malversation dans la gestion d’un don financier de l’Etat du Koweït aux victimes algériennes du terrorisme.
Les faits remontent, en effet, au mois d’octobre 2010, suite à la remise officielle d’un montant de cinq millions de dollars par l’Etat du Koweït à l’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika. La somme, transférée par la présidence au ministère de la Solidarité aurait rapidement été placée sur un compte bancaire et généré un intérêt de près 45 000 dollars en un an. Ainsi il apparaît, selon l’accusation, que le secteur de la Solidarité aurait restitué le montant du don à la présidence sans faire mention des intérêts, ces derniers auraient même été transférés au profit d’une association présidée par l’ex-ministre. La défense de l’accusé répond, quant à elle, que l’ancien ministre avait respecté les règles légales ; Djamel Ould Abbès, expliquant lui-même lors de l’audience d’hier que son secteur avait «placé, à la demande de la présidence, le montant du don sur un compte dédié aux victimes du terrorisme ouvert à la Badr» puis avait restitué la somme lorsque la présidence le lui avait demandé. Quant au sort des intérêts, l’ex-ministre ajoute : «J’ai contacté le président Bouteflika à ce propos (…) Il m’a répondu textuellement : ‘je n’ai rien à faire des intérêts, restitue les 5 millions de dollars et le reste utilise-le dans l’intérêt général.»
Par ailleurs, questionné hier sur l’origine des importantes sommes d’argent liquide, notamment en devises, qui ont été retrouvées, en 2021, dans plusieurs coffres forts bancaires à son nom, Djamel Ould Abbès a simplement déclaré : «Il s’agit d’argent personnel.» Ajoutant plus loin, à propos de la déclaration de certains de ses biens, il «reconnaissait» certaines «non-déclarations» mais «rejetait l’ensemble des autres accusations» en faisant valoir sa bonne foi : «Si j’avais eu de mauvaises intentions, j’aurais essayé de faire sortir l’argent du pays (…) Il s’agit uniquement de fonds personnels.» n