Le procès en appel dans l’affaire de montage automobile et de financement occulte de la campagne électorale pour la présidentielle avortée d’avril 2019 a été reporté au 26 février sur décision du président de la première chambre correctionnelle près la Cour d’Alger après demande de report émise par les avocats d’Ahmed Ouyahia.
Le report n’a pas manqué de soulever des interrogations parmi d’autres avocats présents dont certains n’étaient pas si convaincus des motifs invoqués par le président de la chambre correctionnelle. Le report peinait, en effet, à convaincre au vu des noms des accusés du jour et des responsabilités qu’ils ont eu à assumer avant leurs déchéances. Ce procès, qui implique les deux anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, des ministres des années Bouteflika et des opérateurs investis dans l’arnaque de l’industrie automobile, intervient suite à l’appel interjeté par le Parquet et le Collectif de défense contre le verdict prononcé par le tribunal de Sidi M’hamed le 10 décembre dernier. Le Parquet de Sidi M’hamed, qui a vu défiler de nombreux anciens dirigeants et des acteurs économiques qui se sont retrouvés en prison, avait condamné Bouchouareb Abdessalem par contumace à une peine de 20 ans de prison ferme assortie d’une amende avec émission d’un mandat d’arrêt international à son encontre et l’accusé Ahmed Ouyahia à une peine de 15 ans de prison ferme assortie d’une amende de 2 millions de DA, avec confiscation de tous leurs biens. Pour sa part, Abdelmalek Sellal a été condamné à une peine de 12 ans de prison ferme assortie d’une amende de 1 million DA alors que l’ancien ministre Yousfi Youcef a écopé d’une peine de 10 ans de prison ferme. L’ancien ministre Bedda Mahdjoub a écopé, lui, d’une peine de 10 ans de prison ferme, au moment où l’ancienne ministre Zerhouni Nouria Yamina a été condamnée à une peine de 5 ans de prison ferme et l’homme d’affaires Mazouz Ahmed à une peine de 7 ans de prison ferme avec confiscation des fonds saisis. Chez les opérateurs, Hassan Arbaoui a écopé d’une peine de 6 ans de prison ferme avec confiscation des fonds saisis, l’homme d’affaires Mohamed Bairi d’une peine de 3 ans de prison ferme et le fils de l’ancien Premier ministre, Fares Sellal, d’une peine de 3 ans de prison ferme. Hier, à la cour de Ruisseau, où un dispositif de sécurité important a été mis en place, tout semblait aller pour un déroulement régulier du procès en appel, notamment avec l’arrivée des prisonniers d’El Harrach dans les fourgons de la police et « accueillis » par « bande de voleurs, vous avez siphonné les richesses du pays ! ». Ahmed Ouyahia était le premier à comparaître devant le juge, mais la séquence ne durera pas longtemps puisque sa défense demanda le report du procès justifié par l’arrivée de nouveaux avocats dans le collectif de défense. Une nouveauté signalée également concernant deux autres accusés, à savoir Mohamed Baïri et Ahmed Mazouz. Le président de la première chambre correctionnelle a alors jugé nécessaire de lever la séance pour statuer sur la demande de report formulée par les avocats d’Ahmed Ouyahia. Après délibération, il annonce le report du procès en appel au 26 février, une annonce diversement appréciée par les présents à la Cour de Ruisseau. Dans une déclaration à la presse, à l’issue de l’annonce du report, Abdelmadjid Sellini, un des avocats des accusés dans les affaires du montage automobile et du financement occulte de la campagne électorale pour le cinquième mandat pour le Président déchu, a expliqué la décision de report par « le souci de permettre aux avocats qui viennent de se constituer de prendre connaissance des éléments des dossiers, objets du procès ». Interrogé sur l’option de voir le collectif de défense boycotter le procès du 26 février, M. Sellini a fait part de sa « satisfaction » quant aux conditions de déroulement de ce procès contrairement à ce qui a été relevé et critiqué lors du procès de Sidi M’hamed. Il a plaidé, par la même occasion, pour un « procès équitable».