Jugés en appel dans le cadre de l’affaire dite du «groupe industriel Benamor», les anciens Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia risquent de nouveau jusqu’à 10 ans de prison ferme. Le procureur de la République de la Cour d’Alger a, en effet, requis, samedi en fin de journée, pas moins de «10 ans de prison ferme» en plus d’une «amende de deux millions de dinars» contre les ex-Premiers ministres.
Le dossier jugé en première instance, en mars et avril dernier, par le tribunal de Sidi M’hamed, retient, pour rappel, les charges de «dilapidation de deniers publics» et «abus de fonction aux fins d’octroi d’indus avantages» contre les responsables politiques ; il reproche également aux frères Benamor des faits de «blanchiment d’argent». En ce sens, «l’affaire» met en avant de présumés liens d’intérêts entre le pouvoir politique et l’un des principaux acteurs économiques sous la présidence Bouteflika. Le procureur a demandé, samedi, suite à une audience particulièrement longue, la condamnation des hommes d’affaires Mohamed Laïd et El Hadi Benamor à des peines de «10 ans de prison» accompagnées de «8 millions de dinars» et une peine de «8 ans de prison» a été requise contre Ali Sami Benamor. Quant aux entreprises du groupe économique, poursuivies en tant que personnes morales, le réquisitoire réclame le versement de «32 millions de dinars» d’amende en plus de la saisie des biens et comptes bancaires ouverts en Algérie ou à l’étranger.
Pour rappel, le premier verdict dans cette affaire, prononcé le 13 avril dernier, avait condamné Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia à respectivement 5 et 4 ans de prison ferme alors que le procureur de la République avait déjà demandé des peines allant jusqu’à 10 ans de prison pour les ex-responsables politiques. Mohamed Laïd Benamor, copropriétaire du groupe, a été condamné à «8 ans de prison ferme assortis d’une amende de 8 millions de dinars», tandis qu’El Hadi Benamor a été condamné à «7 ans de prison ferme assortis de 8 millions de dinars d’amende». Ali Sami Benamor, également copropriétaire du groupe industriel, a pour sa part été condamné à «5 ans de prison ferme» et 8 millions de dinars d’amende.
Le fond du dossier et les motivations derrière les poursuites engagées par la justice sont, pour rappel, liés à la gestion des importations de blé jugées «excessives» et plus encore, la nature des «critères», suivie au début de la décennie 2010 par le pouvoir politique lors de la distribution de la denrée aux entreprises privées et publiques. Le groupe Benamor apparaît comme favorisé selon l’accusation. Clamant quant à eux leur bonne fois, et leur innocence dans cette affaire, les principaux accusés Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia avaient en substance indiqué que le «contexte» exceptionnel des émeutes de 2011 avait décidé le pouvoir politique à outrepasser la décision du Conseil national de l’investissement, visant à geler l’activité des moulins à cause de la «saturation» du marché : «… Nous avons cherché à éteindre la flamme qui a éclaté en janvier 2011 à l’intérieur du pays et à fortifier l’Algérie (…) Les rapports de sécurité parvenaient au gouvernement faisant état de signes d’une nouvelle crise liée au pain, au blé et à la semoule», avait en ce sens répondu l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia.