Dans une dépêche diffusée hier en milieu d’après-midi, l’agence de presse APS annonce que le président Tebboune doit encore prendre des mesures «draconiennes» pour mettre fin à une certaine «culture de la passivité», qui met à mal la concrétisation de certaines mesures prises».

Synthèse Lyes Sakhi
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui est parvenu en l’espace de trois ans, et en dépit de certains «imprévus», à transformer l’Algérie (…) sait que d’autres «thérapies» s’imposent pour en finir avec cette tumeur maligne connue sous le nom de «bureaucratie», ajoute la dépêche.
Dans ce texte, il est affirmé que «le président n’est pas du tout content de la cadence de traitement de nombreux dossiers par le gouvernement». «Des échéances très ‘’élastiques’’, des chiffres ‘’approximatifs’’, des décisions qui ‘’perturbent’’ le quotidien des citoyens et celui des opérateurs économiques, ont fait sortir le président de ses gonds» y lit-on encore.
«Quand le président parle de l’autorité de l’Etat, certains comprennent ‘’autoritarisme’’, quand il insiste sur la protection de la production nationale, certains comprennent ‘’protectionnisme’’», est-il déploré dans cette dépêche où il est assuré que «le président n’a, à aucun moment, ‘’ordonné’’ la destruction de constructions illicites, c’est plutôt de prendre des mesures pour que cela ne se reproduise plus à l’avenir». «Il faut agir en amont, pas une fois la bâtisse construite et habitée» y est-il énoncé. Plus loin, il y est formulé que «le président œuvre pour une Algérie ouverte sur le monde, non pas pour un pays fermé. Il n’a, à aucun moment, interdit les importations, «l’autosuffisance n’existe dans aucun pays au monde, les importations sont nécessaires».
L’économie générale de la dépêche publiée par l’APS, et qui semble être de source présidentielle, traduite de l’arabe au français probablement, permet de faire plusieurs affirmations. Il s’agit d’indiquer que le chef de l’Etat n’est pas satisfait du bilan de son gouvernement. Dans le texte, on énonce même que M. Tebboune est «en colère», vocabulaire inusité, mais qui se lit comme symptomatique de l’exaspération de M. Tebboune face aux résultats de certains départements ministériels.
Les imprévus, la certaine culture et les certaines mesures énoncées dans la dépêches sont peut-être à lire comme des circonstances atténuantes, elles ne font en aucun perdre de vue que l’action de l’Exécutif n’est pas conforme aux attentes du chef de l’Etat. Cela alors qu’il s’apprête à faire son propre bilan, étant donné que le pays est à une année ou presque d’une nouvelle consultation électorale pour laquelle, sauf coup de théâtre, il devrait se présenter.
D’ici, là, le message politique à retenir est le suivant : le constat sévère que la présidence de la République fait de l’action du gouvernement est à considérer comme une critique au Premier ministre, censé coordonner avec succès le travail des autres ministres. Affirmer le contraire, c’est tout simplement manquer d’esprit d’analyse et considérer que Aimene Benabderrahmane n’a rien à voir avec ce qu’il faut désormais désigner par le vocable de réquisitoire de l’action gouvernementale.
S’il est certain que certains ministres paraissent plus désignés – notamment celui du Commerce et sa politique de restriction aux importations jugée aujourd’hui pénuriste et menaçant les habitudes de consommation de l’Algérien lambda – il est aussi manifesté que le travail de M. Benabderrahmane n’est pas à considérer comme un succès. L’autre message politique est qu’un tel réquisitoire, selon les éléments du langage politique, devrait théoriquement annoncer un remaniement ministériel. Une éventualité dont l’écho est présent depuis des semaines au sein de l’opinion. Va-t-elle se produire ? L’avenir le dira. En attendant, la dépêche de l’APS va certainement susciter des frayeurs dans les couleurs de nombreux ministères. <