Accusés de s’être dérobés à leur devoir professionnel en temps de crise sanitaire que traverse le pays, les chirurgiens-dentistes se défendent et récusent les reproches qu’ils ont été faits. Dans un communiqué rendu public, la section nationale des chirurgiens-dentistes explique que les «médecins libéraux ont fermé leurs cabinets par manque de moyens consacrés aux services d’accès aux soins».

Ces derniers ont suspendu leurs travaux de crainte de s’exposer au danger de la propagation du coronavirus, tout en ayant une parfaite connaissance qu’abandonner ses patients pourra submerger les praticiens de santé publique, qui vivent, comme l’a souligné le Syndicat national des praticiens de santé publique, «la pénurie en moyens de protections».
Dans leur montée au créneau, les chirurgiens-dentistes reprochent au ministère de la Santé de «ne pas mettre à la disposition» des praticiens privés des équipements de protection, leur permettant de poursuivre ou de reprendre leurs activités dans ce contexte de pandémie.
Pour eux, les moyens de protection sont «indéniablement nécessaires» et ce afin de protéger sa personne, son assistante ainsi que chacun des patients reçus. Face à cette situation, la section nationale des chirurgiens-dentistes trouve «judicieux» la décision de suspendre des activités, expliquant que ladite mesure vise à «endiguer» la propagation du Coronavirus».
Suivant les directives du ministère de la Santé, des commissions ad hoc créées par les Directions de santé publique (DSP) de chaque wilaya ont établi des listes des pharmaciens référents, afin que les libéraux puissent s’approvisionner en moyens de protection.
Or, ces moyens de protections semblent être toujours indisponibles dans les officines désignées, souligne-t-on. Dans le même contexte, le conseil national de déontologie médicale s’offusque contre les directives leurs sommant de reprendre le travail. «Le médecin n’a pas besoin d’une note l’obligeant à reprendre le travail, parce qu’il connaît ses devoirs et il a besoin qu’on lui assure les moyens pour accomplir son travail», dénonce le Conseil.
La veille, les directions de santé publique ont adressé une note aux médecins libéraux, centres d’imagerie, chirurgiens-dentistes, laboratoires… de reprendre leurs activités, menaçant les contrevenants à cette recommandation de «lourdes peines pouvant atteindre la fermeture de leurs cabinets et cliniques». «Il est suicidaire de nous ordonner de reprendre le travail, sans nous garantir les moyens de protection, car cela nous amènera à l’inéluctable propagation du virus», indique le conseil, selon qui «les obliger à travailler dans des conditions pareilles exposera les médecins aux dangers».
Il rappelle que depuis la confirmation des cas positifs au Covid-19 dans le pays, les instances représentant le corps médical n’ont pas cessé de réclamer de mettre à leur disposition les moyens de protection nécessaires. Pour sa part, l’Ordre national des médecins dentistes d’Alger réitère son engagement en expliquant que le Covid-19 est un «problème de santé publique qui doit suivre une politique anticipée et bien réfléchie».
«Le risque zéro n’existe pas et la non-assistance à personne en danger est aussi punie par toutes les lois humaines et divines», dit l’Ordre national des médecins dentistes d’Alger dans un communiqué. Pour ce dernier, «il est aussi dangereux de traiter nos patients au sein des 1 600 cabinets privés et les centres de santé publiques que compte la wilaya d’Alger sans avoir toutes les protections nécessaires».<