Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a estimé, jeudi 8 décembre à Oran, que la réintégration des combattants au Mali dans le cadre de l’Accord d’Alger est un défi pour donner à chacun la possibilité de croire à une nouvelle vie au lieu de combats entre frères. Vendredi, la Coordination des mouvements de l’Azawad a dit faire un «constat déplorable» de l’état d’avancement de l’accord de paix.
Synthèse de Anis Remane
Lors de la session «Réponses africaines aux menaces émergentes pour la paix et la sécurité sur le Continent», dans le cadre de la deuxième journée des travaux de la 9e Conférence de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, le ministre a souligné que la réintégration des 26.000 combattants maliens membres des mouvements signataires de l’Accord d’Alger, traitée en deux temps (concernant le désarmement, l’armement et la réintégration) «est un défi pour donner à chacun la possibilité de croire à une nouvelle vie au lieu de se battre entre frères. C’est un travail à long terme semé d’embûches».
M. Lamamra a ajouté : «Les choses n’évoluent pas de manière régulière. Il y a des avancées et des reculs. C’est la voie que nous devons emprunter, et il n’y a pas d’autres alternatives». Par ailleurs, le ministre a indiqué que «nous ne pouvons pas renforcer l’unité nationale si nous ne pouvons pas réaliser l’unité de l’armée nationale (Mali), et cela est essentiel. Par conséquent, le monopole des armes dans un pays fragile devrait revenir aux forces armées de la République et toutes les dispositions doivent être prises pour qu’il y ait une formation consensuelle des forces armées, que ce soit à un niveau inférieur ou supérieur de la hiérarchie du commandement militaire».
Vendredi 9 décembre, des groupes armés signataires d’un important accord de paix au Mali ont «dénoncé» dans un communiqué sa «déliquescence» et appellent ses garants internationaux à «éviter une rupture définitive» entre ses parties, dans un communiqué publié vendredi.
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), une alliance de groupes touareg et nationalistes arabes du Nord en rébellion contre le pouvoir central créée en 2014, puis signataire à Alger d’un accord de paix avec Bamako en 2015,affirme avoir fait «ce constat déplorable», selon ce communiqué publié à l’issue d’une réunion de son bureau exécutif tenu entre mercredi et vendredi àKidal, son fief dans le nord du pays.
«Il est regrettable d’avouer après 7 ans» que «l’accord de paix pâtit incontestablement du manque évident d’engagements efficients (des) parties capitales pour sa mise en oeuvre, à savoir les gouvernements successifs duMali, la médiation (algérienne) et la communauté internationale garante de son application intégrale», dit le texte.
«Les parties garantes (de l’accord de paix) sont dans l’obligation politique et morale de jouer de façon pleine et efficiente leur rôle afin d’éviter une rupture définitive» entre les parties, ajoute le texte.
Pour rappel, Ramtane Lamamra a souligné l’engagement de l’Algérie à défendre les priorités et les intérêts de l’Afrique. Dans son allocution de clôture de la 9eme Conférence de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, le ministre des Affaires étrangères a souligné que l’Algérie, dont la candidature au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU avait précédemment reçu «le soutien de l’Union africaine, est engagée, à travers son bilan de loyauté, à promouvoir l’agenda de la paix, de la stabilité, du développement et de l’intégration au niveau continental. Elle assumera cette responsabilité avec un profond sens de dévouement pour défendre les priorités et les intérêts de l’Afrique». <