La composante du nouveau gouvernement est une couleuvre difficile à avaler pour deux formations politiques, le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND). Ces deux partis politiques, habitués à former une majorité au sein du gouvernement depuis au moins l’avènement d’Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République, en 1999, se retrouvent présentement absents de la gestion des portefeuilles ministériels. C’est du moins ce qui explique la très grande déprime chez les deux partis qui constituaient, dans un passé récent, l’ossature d’une alliance présidentielle présente dans l’ensemble des institutions de l’Etat, dont essentiellement le gouvernement. La conséquence de cette marginalisation, tant du FLN que du RND, de l’exécutif est la résurgence de la contestation. Les deux partis sont, en effet, en proie à une contestation interne où les pourfendeurs réclament la tête d’Azzedine Mihoubi et de d’Ali Seddiki, tous deux secrétaires généraux par intérim. « Si nous avons été écartés de la composante du gouvernement, c’est bien à cause de Seddiki et de son stupide appel au soutien de Mihoubi, lors de la dernière présidentielle », confie à Reporters un membre du bureau politique (BP) du FLN. Selon lui, « le fait qu’il a envoyé une instruction publique pour appeler au soutien de Mihoubi l’a définitivement disqualifié aux yeux des militants ». A plus forte raison, quand « le bureau politique dans sa majorité voulait apporter son soutien à Tebboune alors que d’autres voulaient soutenir soit Benflis soit Bélaïd ». Aussi, et tout en expliquant qu’actuellement « il y a un consensus général autour de l’impératif de faire partir du FLN Ali Seddiki, notre source explique, cependant, que ce dernier refuse de le faire de lui-même : « On lui a bien fait comprendre pendant 4 heures, lors de la dernière réunion du BP, qu’il faut qu’il parte, mais il fait de la résistance invoquant qu’il s’en remet au comité central ». « Mais s’il pense qu’on va convoquer le comité central pour le faire partir, il se trompe lourdement. On le fera partir bien avant le comité central. Il n’a plus sa place à la tête du parti. Il doit laisser un cadre intègre gérer notre formation politique ». Même ton contestataire au sein du RND. Après l’échec cuisant de Mihoubi, lors de la présidentielle et en dépit du soutien que lui a apporté le FLN, il est de plus en plus mis en minorité au sein du parti. Et c’est la vieille garde du RND qui est revenue au-devant de la scène politique pour le prier de rendre le tablier. Mais Mihoubi, à l’instar d’Ali Seddiki, refuse de plier bagage. Face à cette situation, ses contradicteurs promettent une bonne explication avec lui lors de la prochaine session du conseil national prévue le 10 janvier. « Il ne va pas s’en tirer cette fois. On sera nombreux à lui expliquer clairement qu’il lui faut tirer les conséquences de son échec de la présidentielle », relève un membre du bureau national selon lequel « il faut un changement de responsable pour un changement de cap ». « Mihoubi n’a eu à gérer qu’une période de transition suite à l’incarcération d’Ouyahia. Mais maintenant, il faut que notre parti redore son blason et revienne sur la scène politique nationale », soutient notre source, non sans préciser qu’« au parti, nous vivons très mal qu’il n’y ait aucun ministre RND dans le gouvernement de Djerrad ». «Le RND est un parti qui se confond naturellement avec les institutions de l’Etat, il est donc normal qu’on revendique une participation effective au sein du gouvernement », nous explique-t-on de sources proches du bureau national du parti.
Fragilisés depuis le départ de Bouteflika de la présidence de la République, le FLN et le RND n’en finissent pas de subir les contrecoups de leur soutien durant 20 ans à l’ex-locataire du palais d’El Mouradia.