Pour l’universitaire et expert international en économie, Abderrahmane Mebtoul, il y a des leçons à tirer du référendum du 1er novembre et duquel doivent découler une nouvelle gouvernance et un nouveau personnel politique pour le moyen terme, de 2020 à 2025. Il estime, tout d’abord, que le référendum s’est tenu dans un contexte national et international défavorable, à savoir la maladie du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, les affaires de corruption des anciens responsables toujours en cours, l’épidémie de coronavirus, la faiblesse dans le système de communication et le marasme économique et social.

«Le taux de participation au référendum a été mitigé avec 23,7%, soit moins de 5 586 259 d’électeurs sur un total de 23 568 012 d’inscrits. C’est un indice qui prouve que, pour la première fois depuis l’Indépendance, il n’y a pas eu de bourrage des urnes et que ce scrutin s‘est déroulé dans une totale transparence. Mais, à mon sens, ce qui a permis d’éviter le scénario catastrophe, c’est la tournée du chef d’état-major de l’ANP qui a permis d’atteindre ce taux de 23%. Il aurait été sinon sous la barre des 10, 15%.» Selon lui, ces résultats mitigés reflètent, par ailleurs, le manque de confiance qui subsiste. Or, soutient-il, la mobilisation citoyenne est un facteur essentiel dans tout développement. «L’Algérie a besoin d’un baril de plus de 135 dollars en 2021 pour équilibrer son budget alors que le prix du baril fixé par la loi de finances 2020 est à 35 dollars et à 40 dollars par le projet de la loi des finances 2021. Ce dernier prévoit des réserves de change, fin 2021, de 46,8 milliards de dollars et une couverture des importations et des services durant 16 mois. Mais comment cela sera-t-il réalisable au vu de la conjoncture internationale défavorable de même que la situation interne, toujours affectée par une bureaucratie paralysante, où la majorité des secteurs productifs, hormis l’agriculture, sont en hibernation ?», s’interroge-t-il. En conclusion, rapporte-t-il, il faudra, dorénavant, tenir un langage de vérité et c’est aux dirigeants de se rassembler avec le peuple et non le contraire. «Nous devons changer de discours et surtout de comportement. Aussi, l’urgence après le 1er novembre 2020 sera le redressement de l’économie nationale face à une crise mondiale inégalée depuis la crise de 1928/1929 et qui touche toute la planète et ce, par une nouvelle gouvernance et un renouveau du personnel politique et économique. C’est nécessaire pour redonner la confiance sans laquelle aucun développement n’est possible», dit-il. Faute de quoi, poursuit-il, le retour au FMI sera inévitable au cours de 2022. La future politique socio-économique, toujours selon lui, devra tenir compte des nouvelles mutations mondiales, axées sur la transition numérique et énergétique, la révision de certaines clauses de l’Accord d’association avec l’Europe en faveur de l’Algérie et d’un partenariat gagnant. «Mais surtout, la refonte de l’Etat à travers une réorganisation institutionnelle centrale et locale, pour une société participative et citoyenne et pour un développement plus équilibré et solidaire, afin de rapprocher l’Etat du citoyen. Ne confondons pas, ceci dit, entre décentralisation et régionalisme néfaste. La décentralisation, c’est pour renforcer le rôle de l’Etat dans la régulation, améliorer l’efficience économique et contribuer à l’unité nationale par la cohésion sociale régionale», conclut-il. <