Le chef de l’Etat s’est rendu, hier, à Doha pour une visite de deux jours. Pendant cette visite, le président Tebboune participera au 6e sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz ; un rendez-vous jugé important eu égard au contexte géopolitique qui enveloppe actuellement le marché gazier mondial, et plus particulièrement européen. Il s’agit, pour l’Algérie, d’une opportunité économique et d’un atout énergétique créés par ce moment géopolitique de grande crise jamais connu entre les Occidentaux et la Russie depuis la fin de la guerre froide. Pour notre pays, c’est aussi une occasion de s’affirmer sur un échiquier gazier mondial en pleine transformation et en tant que fournisseur fiable et sûr de ses clients traditionnels, à l’heure où les discussions portent sur la sécurisation de l’approvisionnement de l’Europe en gaz.
Par Hakim Ould Mohamed
Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est rendu, hier, au Qatar pour une visite d’Etat à l’invitation de l’Emir Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. Il s’agit d’une visite de deux jours qui s’inscrit «dans le cadre du renforcement des relations fraternelles entre les deux peuples frères et de la promotion de la coopération bilatérale, en consécration des relations solides et séculaires unissant les deux peuples et les dirigeants des deux pays», peut-on lire dans un communiqué rendu public par la Présidence de la République. Durant sa visite, le chef de l’Etat aura également à participer au 6e sommet des chefs d’Etats et de Gouvernements du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), prévu à Doha, conclut la même source. Le sommet du GECF se tient dans un contexte tendu, marqué par les craintes d’approvisionnement en Europe en raison de la crise russo-ukrainienne. Les tensions se sont exacerbées ces dernières semaines à la frontière est de l’Ukraine ; occidentaux accusant ouvertement la Russie de vouloir envahir l’Ukraine, chose que la Russie dément pour le moment, accusant à son tour l’Otan de vouloir faire de l’Ukraine un de ses postes avancés. En tout cas, cette tension a contribué grandement à faire grimper les prix du gaz en Europe et ceux du pétrole brut qui a atteint des commets en sept ans. La tenue du 6e sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) qui réunira ses 11 pays membres, à laquelle prendra part la Russie sera une opportunité pour débattre des questions et des inquiétudes qui animent le marché gazier mondial, d’autant plus que ses membres contrôlent 70% des réserves mondiales. L’Europe, qui fait face à une baisse des livraisons russes de gaz naturel, tente depuis quelques semaines déjà de diversifier ses sources d’approvisionnement gazier afin de s’affranchir de sa dépendance envers la Russie. Cependant, dans sa quête en faveur de nouvelles sources d’approvisionnement, l’Europe est confrontée à un dilemme non des moindres ; de nombreux pays producteurs affirment avoir atteint, ou presque, leur capacité maximale de production et pouvoir seulement fournir à l’Europe du gaz à court terme, sous réserve d’accord de leurs clients existants. L’une des questions qui sera d’ailleurs débattues à la réunion des dirigeants du FPEG porte sur les moyens dont ils disposent afin d’augmenter la production. Sauf que, pour pouvoir augmenter les capacités de production, les pays producteurs doivent consentir d’importants investissements qui, eux, sont subordonnés à des contrats de fourniture de long terme. Ces contrats garantiront ainsi un retour sur investissement et des débouchés de long terme aux pays producteurs.
L’Algérie, un fournisseur fiable
Sur ce genre de contrats, l’Algérie a blanchi sous le harnais et entretient avec ses clients européens une relation de longue date, basée sur des contrats de long terme, dont les cours sont indexés à ceux du pétrole. C’est une opportunité qui s’offre pour l’Algérie afin de bien négocier des livraisons supplémentaires à destination de l’Europe, au-delà des volumes prévus par les contrats déjà conclus. D’autant plus que le pays a été sollicité pour augmenter ses quantités de gaz livrées à l’Europe. Les Européens eux-mêmes ont maintes fois reconnu à l’Algérie le statut de fournisseur fiable et réaffirmé leur volonté de renforcer la coopération et les investissements dans l’amont gazier algérien. Mercredi, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, a rassuré, d’ailleurs, sur la fiabilité de l’Algérie en matière de fourniture de gaz vers l’Europe, la mise en arrêt du gazoduc GME n’affectant en rien l’offre algérienne. «L’Espagne et le Portugal ont récemment fourni des informations rassurantes concernant la sécurité actuelle de l’approvisionnement en gaz et ils ont confirmé l’augmentation prochaine de la capacité du gazoduc Medgaz», la seconde canalisation reliant l’Algérie à l’Espagne à travers la Méditerranée, a-t-il indiqué. «Selon, les informations disponibles, les travaux visant à augmenter la capacité du gazoduc Medgaz de huit à dix milliards de mètres cubes par an sont sur le point d’être terminés», a souligné le chef de la diplomatie européenne. En janvier, l’Algérie s’est hissée à la plus haute marche du podium des principaux fournisseurs de l’Italie en gaz. En effet, l’Algérie a approvisionné l’Italie à hauteur de 1,5 milliards de m3 en janvier, contre un volume de 1,3 milliard de m3 fourni par la Russie à l’Italie. Les livraisons de l’Algérie à la péninsule ibérique et à l’ensemble de l’Europe en fortement augmenté en 2021, en témoignent les données communiquées par la Commission européenne. Profitant d’une forte demande, l’Algérie a augmenté sa production de GNL de 14% par rapport à 2020, à 26,3 millions de mètres cubes, contre seulement 23,1 millions de mètres cubes en 2020. Cette hausse a contribué à une forte progression des exportations, lesquelles ont contribué à leur tour à la hausse des parts de marché de l’Algérie sur l’échiquier gazier européen. Les parts de marché de l’Algérie en Europe ont atteint, en effet, 11% et 13% en incluant le GNL, selon des chiffres de la Commission européenne, communiqués en octobre 2021. Ces statistiques ont fait état également d’une progression de 25,4% la production algérienne de GNL au cours des huit premiers mois de 2021 et de 12,1% en glissement annuel. Dans un contexte marqué par un net rebond de la demande européenne en gaz, les ventes de gaz algérien à l’Europe ont progressé de +131% sur le 1er trimestre 2021 et de +223% au 2e trimestre de la même année, comparativement aux mêmes périodes de 2020.
Arkab à Doha
Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, prendra part lundi aux travaux de la réunion ministérielle extraordinaire du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), qui se tiendra à Doha, a indiqué samedi un communiqué du ministère. Lors de cette réunion qui vise à examiner les progrès réalisés depuis la 23e réunion ministérielle du forum, M. Arkab sera accompagné du PDG de Sonatrach et des hauts cadres du ministère de l’Energie et des Mines. Le GECF est actuellement composé de 11 pays membres, en l’occurrence l’Algérie, la Bolivie, la Guinée équatoriale, l’Egypte, l’Iran, la Libye, le Nigéria, le Qatar, la Russie, Trinidad et Tobago et le Venezuela, ainsi que de sept pays observateurs, à savoir l’Angola, l’Irak, la Norvège, le Pérou, les Emirats arabes unis et l’Azerbaïdjan.