Par Bouzid Chalabi
C’est à partir de mercredi prochain, soit à trois jours du début du mois de jeûne, que les consommateurs seront fixés sur ce qu’ils appréhendent le plus, à savoir une montée en flèche des prix sur les étals du commerce du détail des produits végétaux frais et animaux, une constante à la veille de chaque mois sacré. Pour l’heure, de nombreux indices laissent croire à un Ramadhan clément cette année.
Premier facteur dans ce sens, les institutions parties prenantes se sont préparées activement ces dernières semaines afin de mettre en place les conditions d’un jeûne qui ne mette pas à rude épreuve les populations. Les ministères du Commerce, de l’Agriculture et de l’Intérieur ce sont, en effet, attelés ces dernières semaines à mettre en exécution sur le terrain les instructions du chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune émises lors d’un Conseil des ministres consacré aux préparatifs du mois sacré, au début de ce mois de mars. Le président a demandé aux institutions concernées de faire face à la «traditionnelle» flambée des prix ainsi qu’aux tensions sur les produits de large consommation. C’est ainsi que des marchés à bas prix, appelés «Rahma», ont été ouverts à travers les 58 wilayas, soit un total de 1 200 dont certains ont ouvert leurs portes depuis le weekend dernier.
Certes, il serait erroné de dire qu’ils sont tous opérationnels, mais toujours est-il que ceux qui sont à pied d’œuvre ont commencé à accueillir les premières vagues de clients. Pas seulement, puisque ces derniers ont été pris d’assaut par les citoyens avec le même objectif, celui de faire le maximum d’emplettes pour le Ramadhan en produits frais, encouragés par les prix affichés sur les étals plus ou moins raisonnables. Il faut dire que dans ces lieux, du moins ceux que Reporters visité dans la banlieue Est de la capitale, entre autres Rouiba et Réghaïa, on y trouve un peu de tout. Cela va des produits frais, c’est-à-dire légumes et viandes, des denrées alimentaires conditionnées jusqu’aux ustensiles de cuisine, ainsi que les détergents. Cela dit, en termes de produits exposés en ces lieux, la grande star n’est autre que l’huile de table. Et pour preuve. De longues queues devant les stands de vente. Certes, comme nous l’ont avoué certains, «la longue attente de moins de deux heures pour avoir droit à deux bidons de 5 litres en vaut la peine». Un chef de famille nous avouant sans ambages, « avec ces deux bidons d’huile mes besoins tout au long du mois de Ramadhan sont assurés et avec à la clé un bénéfice de 30 DA par bidon, car vendu ici à 620 DA contre 650 DA à la supérette de mon quartier, quand elle en dispose». Ces derniers temps le bidon s’est fait rare sur les étals du commerce du détail. Par contre, au niveau des vendeurs des dérivés de blé, pas de trace de semoule. Seulement de la farine et du couscous à profusion. Ici, le bouche-à-oreille a bien fonctionné puisque beaucoup ont appris que les magasins sous l’enseigne Agrodive disposent de la semoule, mais qu’ils livrent par petite quantité. Du côté du périmètre réservé aux produits maraîchers frais, les étals sont abondamment fournis et les prix affichés sont légèrement en recul par rapport à ceux pratiqués dans les marchés de proximité. Les écarts sont plus ou moins importants, de 10, 20, 30 DA, voire 40 DA quand il s’agit de légumes hors saison. Par contre, pour ce qui concerne précisément la pomme de terre, aucune différence entre le prix affiché dans les souk «Rahma» et ceux de proximité, soit 100 DA le kilogramme. Quant à celle proposée à 60 DA elle est boudée par les clients qui préfèrent la fraîche, c’est-à-dire de saison, à celle issue des chambres froides.
Cela dit, il y a lieu de savoir qu’au niveau des marchés de proximité, la mercuriale est plutôt stable ces derniers jours, mis à part la courgette qui a pris son envol à 200 DA le kilo. Une exception sur laquelle nos concitoyens espèrent que cela va rester l’unique cas et qu’elle ne soit pas suivie par d’autres produits frais. Ce qui pourrait être le cas, si le feu de la surenchère prend à partir de ce mercredi, comme de tradition la veille et les premiers jours du Ramadhan. Nous serons fixés ce weekend. n