Alors que la situation en Libye semble s’installer dans un attentisme prudent, les regards se tournent vers la capitale allemande, Berlin, qui abritera ce dimanche une conférence internationale consacrée à la question. Une conférence durant laquelle sera débattue la situation en Libye, qui risque la déflagration notamment avec les différentes interventions indirectes et même directes avec l’annonce récente de la Turquie d’envoyer des troupes sur le terrain en soutien à Tripoli.

Il s’agira sans nul doute de rapprocher les deux antagonistes, Tripoli et Benghazi, et de consolider le cessez-le-feu actuellement en vigueur. Un cessez-le-feu qui tient malgré le refus du Maréchal Khalifa Haftar de le signer récemment à Moscou, alors que son accord paraîssait acquis. L’Algérie, qui participera à cette conférence sur invitation de l’Allemagne, devrait défendre sa position sur le dossier libyen et aussi peser pour un rapide retour à la paix et à la négociation entre les belligérants. Le président Abdelmadjid Teboune, qui entamera à l’occasion sa première mission internationale depuis son élection, inaugurera le retour de l’Algérie avec ce niveau de représentation. Alger, qui entame un retour remarqué sur le plan diplomatique, poursuit les consultations avec les acteurs régionaux concernés par l’inquiétante situation libyenne. La dernière en date est la visite jeudi du président du Conseil italien Giuseppe Conte, durant laquelle l’Algérie et l’Italie ont convenu d’intensifier leurs efforts et renforcer la coordination et la concertation sur la situation en Libye. Et ainsi pérenniser le cessez-le-feu en vigueur dans l’objectif de faciliter « les voies de reprise du dialogue entre les parties en conflit et de relancer le processus de paix, loin de toute ingérence militaire étrangère ». Le maréchal Haftar, qui a annoncé sa participation à la Conférence de Berlin, s’est rendu, hier, à Athènes pour des pourparlers avec les autorités grecques. Il n’est pas difficile de deviner que les deux parties ont le même adversaire, la Turquie. Athènes s’oppose aux accords conclus le 27 novembre par Fayez Al-Sarraj et Tayyip Erdogan. Un accord qui pourrait permettre à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale. Erdogan a déclaré, jeudi, que son pays allait commencer « dès que possible » à faire des forages dans ces zones contestées riches en hydrocarbures. Une annonce qui aura vite fait de susciter des tensions. Cependant, malgré ses multiples pressions, le gouvernement grec n’a pas été invité à Berlin.
L’absence surprenante de la Tunisie
Parmi les pays non-conviés à Berlin, la Tunisie sera l’absente la plus surprenante. La Tunisie a d’ailleurs regretté de ne pas être conviée à la conférence. Le quotidien tunisien « Le Temps » a critiqué cette décision « incompréhensible », déplorant un « coup dur pour la diplomatie ». Siégeant actuellement au Conseil de sécurité de l’ONU, Tunis craint déjà un possible afflux de milliers de civils fuyant les combats en Libye. Fin décembre, le président tunisien Kais Saied avait réaffirmé la neutralité de la Tunisie, après une rencontre avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Mais la frontière terrestre avec la Libye pourrait voir transiter des milliers de réfugiés. A Tunis, plusieurs réunions interministérielles ont porté, début janvier, sur l’organisation d’un éventuel accueil de civils fuyant une éventuelle guerre. Un plan d’urgence coordonné par l’ONU serait déclenché si plus de 300 personnes par jour arrivaient dans le pays. En 2011, après la chute de Kadhafi, la Tunisie avait accueilli des centaines de milliers de personnes fuyant la Libye. Avec les risques sécuritaires inévitables. La Tunisie a subi en 2015 plusieurs attentats terroristes préparés en Libye, et reste depuis en état d’urgence. A la veille de la conférence de Berlin, la Libye est aujourd’hui plus que jamais à la recherche d’un processus de paix qui s’avère toujours laborieux. Le rendez-vous de Berlin pourrait bien s’avérer crucial pour l’avenir de ce pays et de toute la région. <