Une nuit de folie ! Elle a couronné une journée de stress durant laquelle les Algériens avaient les yeux rivés vers le Caire d’où est venu, tard dans la nuit, le signe de la délivrance au bout d’une soirée pas comme les autres. Tout le pays était en fête dès le sifflet final du referee gambien, Bakary Gassama, annonçant la fin du match Algérie-Nigeria et scellant la qualification des Verts pour la finale de la CAN égyptienne. Les signes de la liesse étaient, cependant, déjà perceptibles bien avant. Dès le but magistral de Mahrez sur balle arrêtée, les cris de joie et d’allégresse fusaient de partout. De tous les foyers, de toutes les placettes et lieux publics… Devant la Grande-Poste d’Alger, place traditionnelle de rassemblement, tout le monde était au rendez-vous pour participer à cette soirée historique. La fête a commencé dès le début de la journée. Dans les grandes villes, on avait accroché des drapeaux sur les façades, aux pare-chocs des voitures et sur les bus. Il est 18h, quand les gens accueillaient les premiers signes d’un rafraîchissement de la température quand le rendez-vous footballistique commençait à tenir en haleine toute une population. Dans certains sites, l’engouement était exceptionnel à l’image de ce qui s’est passé au stade 5-Juillet où l’affluence était telle qu’on aurait cru qu’Algérie-Nigeria se jouerait au temple olympique d’Alger. Des milliers de familles ont, en effet, pu suivre en direct à partir des gradins du 5-Juillet la partie footballistique à l’initiative de l’opérateur de la téléphonie, Ooredoo et en partenariat avec l’Office du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf dans une ambiance très conviviale.
Sur la place de la Grande-Poste, à Alger, où un écran géant a été installé, les supporters étaient déjà nombreux. A 18h, on ne parvient déjà plus à compter les supporters. Même décor au niveau de la place du 1er-Mai ainsi que d’autres places publiques pour permettre aux amoureux du ballon rond en Algérie de suivre le match football dans une ambiance se rapprochant de celle qui allait régner au Cairo Stadium International.
Et dès que le coup de sifflet final retentit, les pétards, les klaxons, les youyous et les sifflets ont repris de plus belle pour toute la nuit. Dans la capitale comme dans les grandes villes, des milliers d’Algériens sont sortis pour défiler à pied ou en voiture. A Alger-Centre, des milliers de supporters ont commencé à sillonner les rues de la capitale en véhicule, avec à bord des jeunes survoltés entonnant leur célèbre cri de ralliement «One, two, three, viva l’Algérie».
Cependant, la soirée a été malheureusement émaillée de nombreux incidents et accidents. Pourtant, et selon la DGSN, les instructions étaient fermes : le code de la route s’applique quel que soit les circonstances, défilés ou pas.
Mais, ces ordres n’ont pas été respectés. Et ce ne sont pas les infractions et les comportements dangereux qui ont manqué. Il n’était ainsi pas rare de voir, en pleine autoroute, des jeunes gens assis sur les bords des fenêtres de voitures, zigzagant à toute allure. Ou encore des véhicules drapés des couleurs nationales, à un point tel que les feux de circulation n’étaient plus visibles, les autres automobilistes ne pouvant voir et prévoir les changements de direction ou le freinage.
De plus, dans la soirée de dimanche les rues étaient tellement encombrées que mêmes les sens interdits n’étaient pas respectés. Déplorable !
Résultat de cette inconscience, la fête s’est transformée en deuil pour certaines familles. Aucune trêve festive n’a été enregistrée en ce qui concerne les accidents, agressions et autres vols. Le bilan est d’ailleurs lourd et significatif de l’incivisme et de l’inconscience qui ne connaissent pas de répit. Il a ainsi été enregistré, dans la nuit de dimanche à lundi, quelque 10 décès et plus de 18 blessés, essentiellement dans des accidents de la circulation, selon le bilan de la Protection civile. Mais on retiendra celui de Jijel où 5 jeunes âgés entre 16 ans et 22 ans ont perdu la vie et 8 autres ont été blessés. Les jeunes étaient à bord d’une petite camionnette qui a percuté un camion de transport de blé sur la RN43, commune de Sidi Abdelaziz, daïra de Chekfa.