La tragédie du décompte macabre des personnes sans vie repêchées au large des côtes de l’ouest algérien s’est poursuivie, hier, avec l’annonce de huit morts, dont cinq enfants d’une même famille, selon un communiqué de l’unité de la Gendarmerie nationale de la wilaya.
Selon la même source, les unités de ce corps de sécurité ont reçu un SOS en mer, suite au renversement d’une barque au nord d’Ouled Boughalem, à 90 kilomètres de Mostaganem. Cinq personnes ont été secourues et les recherches de deux autres disparues ont été déclenchées.
Ce drame rappelle cruellement celui survenu jeudi dernier au large des côtes d’Aïn Témouchent, où plusieurs corps sans vie ont été repêchés, dont celui d’une femme dans la trentaine et d’un enfant de 9 ans, suite au renversement de leur barque de fortune.
Au-delà des statiques, aujourd’hui le phénomène de la « harga », embarquer sur un bateau de fortune, un « simple bouti » ou le fameux « babour ellouh » chanté dans les stades, au péril de sa vie, sonne comme un cri de désespoir qui touche en plus des jeunes, des familles entières. Mal-vie ou mal-être, des parents embarquent sur ces radeaux de la mort mettant en péril leur vie mais aussi celles de leurs jeunes enfants comme ultime recours pour une vie meilleure.
Le plus dramatique est que l’annonce de ces morts, que ce soit de jeunes hommes, de femmes ou d’enfants, largement relayée par les médias et les réseaux sociaux, n’a aucun impact sur les futurs candidats à l’émigration clandestine, dont un grand nombre continue d’affluer vers les côtes en quête de passage vers l’autre rive de la Méditerranée.
En effet, les éléments de la Gendarmerie nationale dans la wilaya de Mostaganem ont indiqué à l’APS que, durant les dernières 48 heures, ils ont procédé à l’arrestation de 85 candidats à l’émigration clandestine sur la terre ferme, dans des zones disparates du littoral. Les unités de la Gendarmerie nationale ont ainsi mis en échec plusieurs tentatives de quitter clandestinement le territoire national à partir des côtes de la wilaya de Mostaganem et saisi 7 embarcations à moteurs, prêtes à prendre le large. Il a aussi été procédé, durant ces opérations, à la saisie d’une somme de 720 000 DA et de 1 000 euros, en possession des personnes arrêtées, ainsi que du matériel pour les besoins de la traversée, à savoir 56 jerricans de mazout, des boussoles et des gilets de sauvetage. Au-delà de la mobilisation sans relâche des différents services de sécurité sur le terrain, la recrudescence du phénomène de la harga devrait interpeller les autorités sur les racines de ce mal-être qui ronge la société où même les enfants ne sont plus épargnés.