L’effervescence est bien palpable sur la Croisette à une poignée d’heures de l’ouverture du 76è Festival de Cannes. Le tapis rouge recouvre les célèbres marches Producteurs et distributeurs installent leur stand au Marché de film à la Riviera. Et les grands hôtels peaufinent encore leurs décorations. Tout est en place pour accueillir les 40 000 accrédités : journalistes, professionnels du cinéma, photographes, cinéphiles…

Dans cette course pour la Palme d’Or, « se mêlent de jeunes cinéastes qui viennent rarement ou pour la première fois à Cannes avec des vétérans dont on connaît le nom, le travail et l’œuvre. En matière d’art, il n’y a pas de date de péremption pour les cinéastes ni pour les œuvres », expliquait Thierry Frémaux lors de l’annonce de la sélection.

Reste que cette année sera marquée par l’entrée en force de ce qui va devenir vraisemblablement le premier guichet arabe de soutien au cinéma ; celui de Red Sea Film Festival Foundation, lancé en même temps que le Festival international du film de la mer Rouge, en 2019 et qui sera présent sur la Croisette avec cinq films soutenus, certains depuis l’écriture et d’autres en cours de production comme « Jeanne du Barry » le dernier de la franco-algérienne, Maïwenn avec Johnny Depp et qui fera l’ouverture de cette soixante-seizième édition.

Les jurés, de leur côté, sous la présidence du suédois Ruben Östlund, double Palme d’Or (« The square » 2017 & « Sans filtre » en 2022) auront à départager entre 21 films. A ses côtés, cinq autres cinéastes :   la marocaine Maryam Touzani (« Le bleu du caftan » grand succès public en 2022), sa collègue zambienne Rungano Nyoni, la Française Julia Ducournau (Palme d’or pour « Titane »  en 2021), l’argentin Damián Szifrón. Trois comédiens : l’américaine Brie Larson (oscarisée pour « Room » et tête d’affiche dans « Captain Marvel »), le français Denis Ménochet  et l’américain Paul Dano remarqué dernièrement dans « The Fabelmans » de Steven Spielberg. Et enfin l’écrivain-réalisateur Afghan Atiq Rahimi (prix Goncourt pour « Syngué sabour. Pierre de patience » en 2008)

La sélection officielle, aura sur ses tablettes, le finlandais Aki Kaurismaki (« Fallen Leaves »), les américains Wes Anderson (« Asteroid City ») et Todd Haynes (« May December»), le japonais Hirokazu Kore-eda (« Monster»), les italiens Nanni Moretti (« Le Soleil de l’avenir »), Marco Bellocchio (« Rapito») et enfin Alice Rohrwacher (« La Chimera »). De  Turquie c’est un habitué de Cannes qui sera là, Nuri Bilge Ceylan (« Les Herbes Sèches »). Autre retour, Wim Wenders, Palme d’or avec « Paris, Texas » (1984). Et pour la première fois à Cannes, la Mongolie avec « If Only I Could Hibernate » de la réalisatrice Zoljargal Purevdash.

Last but not least, Karim Aïnouz, de père algérien (il lui consacra un beau documentaire « Marin des montagnes ») et de mère brésilienne, sera à Cannes sa première œuvre américaine, « Firebrand », un film historique sur Catherine Parr, la dernière femme de « l’ogre » Henry VIII, l’une des seules épouses à y avoir réchappé. Avec  un casting cinq étoiles : Jude Law, Alicia Vikander, Simon Russell Beale, Erin Doherty… Doherty

C’est donc la cinéaste, scénariste et comédienne, Maïwenn  qui ouvrira le bal, avec « Jeanne du Barry » un drame historique où Johnny Depp, trône en Guest-star. Maïwen incarne elle-même Jeanne Vaubernier, fille du peuple devenue duchesse, si libre et si audacieuse, dont le roi Louis XV tombe éperdument amoureux.

Très attendu « Killers of the Flower moon » de Martin Scorsese, produit par une plate-forme et finalement “Hors-Compétition“. Le film d’une durée de 3h54 (le plus long réalisé à ce jour par le cinéaste), est l’adaptation du best-seller du journaliste et écrivain David Grann, qui raconte une série de meurtres commis dans les années 1920 dans la communauté indienne des Osage, enrichie grâce au pétrole stockée sous ses terres.

Pour la circonstance, Leonardo Di Caprio et  Robert De Niro, vont  de coutume enflammer la Croisette

Tout comme Harrison Ford  à qui un hommage particulier sera rendu à l’occasion de la projection, éternel héros d’« Indiana Jones et le cadran de la destinée » réalisé par James Mangold.

La section « Cannes Classic » rendra hommage au cinéaste suisse disparu en septembre 2022  avec un programme titré « Souvenir de Jean-Luc Godard » dans lequel on verra un film inédit de l’auteur du « Mépris » : « Film annonce du film qui n’existera jamais : « Drôles de guerres » », un court métrage de vingt minutes «  “Jean-Luc Godard transformait souvent ses synopsis en programmes esthétiques. Drôles de guerres procède de cette tradition, et restera comme l’ultime geste de cinéma, qu’il accompagne du texte suivant : ‘Ne plus faire confiance aux milliards de diktats de l’alphabet pour redonner leur liberté aux incessantes métamorphoses et métaphores d’un vrai langage en re-tournant sur les lieux de tournages passés, tout en tenant compte (sic) des temps actuels.’ » explique le communiqué de presse du festival.

Michael Douglas, acteur star et producteur a souvent foulé le tapis rouge cannois. La première fois en 1979 avec « Le syndrome chinois » thriller de James Bridges, aux côtés de Jane Fonda et de Jack Lemmon. La dernière en  2013 pour  le spectaculaire « Ma vie avec Liberace » de Steven Soderbergh, vingt et un ans après avoir monté les marches avec Sharon Stone pour « Basic Instinct » qui secoua la Croisette.  Cette année une  Palme d’honneur lui sera a décerné lors de la soirée d’ouverture.

Quentin Tarantino sera lui l’invité d’honneur de l’ex Quinzaine des réalisateurs, rebaptisée la Quinzaine des cinéastes.  Outre la projection d’un long métrage surprise, le réalisateur de « Pulp Fiction », Palme d’Or en 1994, et spectateur assidu discutera de sa cinéphilie dans la foulée de la publication de Cinéma Spéculations (éd. Flammarion), essai critique sur les films hollywoodiens des années 70.

C’est Catherine Deneuve qu’on verra au fronton du Palais des festivals. Pour cette 76ᵉ édition, le festival  a choisi l’iconique l’actrice française, radieuse dans un noir et blanc sublime : « Catherine Deneuve est ce que le cinéma doit se souvenir d’être : insaisissable, audacieux, irrévérencieux. Elle est une incarnation de cinéma, loin des conventions et des convenances ». La photo magnifique, de celle qui fut « Belle de jour » a été prise en juin 1968 par Jack Garofalo pour Paris Match sur un ponton de la plage de Pampelonne à Saint-Tropez, pendant le tournage de « La Chamade » d’Alain Cavalier, d’après le roman de Françoise Sagan qui présida le jury du 32e Festival de Cannes en 1979.