PAR N. BRAHIMI ET CORRESPONDANTS
Le mouvement populaire pour le changement a observé, hier, son 48e vendredi de mobilisation qui a vu des milliers de citoyens investir les grandes artères de la capitale et dans d’autres villes du pays.
Comme à l’accoutumée, les manifestants à Alger ont réitéré le mot d’ordre exigé « un Etat civil et pas militaire », tout en exhibant les portraits des figures du mouvement populaire qui se trouvent en prison.
Il s’agit notamment de Karim Tabbou, Samir Benlarbi, Fodil Boumala et bien d’autres figures.
Dans la capitale, une vive tension était déjà perceptible dès les premières heures où les forces de l’ordre tentaient d’étouffer les premiers regroupements de manifestants.
D’ailleurs, plusieurs interpellations ont eu lieu parmi les manifestants, des militants et journaliste parmi lesquels notre journaliste Chems Eddine Sayah qui signe Zoheïr Aberkane alors qu’il assurait la couverture du Hirak du vendredi. La plupart des interpellés ont été relâchés au courant de la journée. En effet, l’association RAJ a fait part de la libération de son ex-président et ancien détenu, Hakim Addad après avoir été arrêté et conduit au commissariat auparavant.
La même association a annoncé la libération d’autres manifestants arrêtés alors que Mokrane Laouchdi, arrêté lui aussi, «comparaîtra demain 19/01/2020 devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’ hamed».
Il a fallu attendre que la foule se constitue après la prière du vendredi pour que la manifestation retrouve sa sérénité.
Les manifestants, de tout âge, ont commencé leur marche en se regroupant, au niveau des endroits habituels du Hirak, à savoir la Place Maurice Audin, la rue Hassiba Ben Bouali, la Grande-Poste et le boulevard Colonel Amirouche…
Intervenant au moment où une série de consultations est menée par le Président de la République en vue d’une révision constitutionnelle annoncée pour les mois à venir, les manifestants ont tenu à marquer leur désapprobation mettant en évidence dans les slogans scandés« la vieillesse » des personnalités conviées pour l’heure.
Hommage à Didouche Mourad
Comme le veut la « tradition » du Hirak, le 48e vendredi a été également celui de la réappropriation des noms de la Révolution. C’est dans ce sens que des manifestants ont rendu un hommage appuyé au chahid Didouche Mourad tombé au champ d’honneur un 18 janvier 1955.
« En ces temps de révisionnisme, le rappel de vérité est plus que nécessaire », échangeait un manifestant avec son ami à la lecture d’une banderole portant la photo de Didouche allusion au dérapage du désormais ex-directeur de la culture de la wilaya de M’sila mis en détention et offensant la mémoire de Abane Ramdane. Coïncidence, l’échange a eu lieu pas loin de la rue qui porte le nom de Didouche Mourad.
Pas loin, c’est un autre groupe qui brandit un portrait de Abane Ramdane sur lequel il était écrit en arabe et en français : « Abane Ramdane, symbole de l’unité nationale».
A l’ouest du pays, la mobilisation était intacte à Oran où des milliers de manifestants ont battu le pavé pour exiger la libération des détenus et l’instauration d’un Etat de droit.
Ils ont, en outre, dénoncé le discours haineux diffusé sur les réseaux sociaux en appelant à la fin de l’impunité.
La même ambiance était au rendez-vous à Tlemcen où des centaines de manifestants ont investi les principales artères de la capitale des Zianides pour exiger l’instauration d’un système démocratique et un État de droit tout en réclamant la libération des prisonniers du mouvement.
Par contre, à Sidi Bel Abbès, les marches populaires sont encore une fois frappées d’interdiction, et ce, depuis, l’élection présidentielle du 12 décembre dernier. Un important dispositif sécuritaire a été mis en place pour empêcher toute manifestation de rue. A l’est du pays, les citoyens ont été au rendez-vous aussi bien à Constantine, Annaba, Jijel, Sétif, Mila.
Dans ces contrées, les mots d’ordre n’ont pas différé de ceux observés ailleurs. La libération des détenus, la liberté de la presse et l’indépendance de la justice sont les mots d’ordre les plus visibles. <