Avec les jeunes binationaux à fort potentiel, Djamel Belmadi a une approche spécifique. Ce n’est jamais le sujet préféré du sélectionneur en conférence de presse. Parler des Gouiri, Cherki et Aït Nouri et de leur (peu) éventuelle venue ne l’enthousiasme pas. Le successeur de Rabah Madjer sait que ce genre de dossiers est miné et plein de rebondissements à préjudices. Pour lui, il n’est pas question de jouer avec la sacralité de la sélection. C’est sa manière de valoriser le maillot algérien. Et, si l’on se tient à ce qui est arrivé récemment au Maroc avec Abde Ezzalzouli, force est de reconnaître que Belmadi s’y prend bien.

Par Mohamed Touileb
Le faux bond d’Abde Ezzalzouli (20 ans) avec le Maroc vient rappeler à quel point les dossiers des binationaux sont compliqués à gérer. Le joueur du FC Barcelone a commencé par donner son accord pour jouer avec l’équipe A des « Lions de l’Atlas », avant de se raviser et se dire plus enclin à représenter l’Espagne. Désormais, c’est chose courante dans le football circus. Surtout quand le concerné a des chances de jouer pour une nation européenne.

Si pas d’envie manifeste…
Interrogés à maintes reprises sur les Gouiri, Aït Nouri et autre Cherki, Djamel Belmadi s’est toujours montré mesuré. Le sélectionneur de l’Algérie a opté pour une stratégie claire, c’est au joueur de manifester son envie de jouer pour les Verts et non le contraire. C’est clairement sa manière d’éviter ce genre de camouflets et de s’en prémunir. Ainsi, depuis qu’il est en poste, le driver de l’EN n’a jamais montré la moindre obsession de faire venir de nouveaux joueurs. Même ceux qui sont jeunes et présentent un fort potentiel dans des postes importants. Ce qui est arrivé aux Marocains avec Ezzalzouli, qui a pourtant joué chez les jeunes du Maroc, aurait pu se produire avec les Gouiri, Aït Nouri ou Cherki. Il s’agit là de footballeurs qui ont la possibilité de jouer pour deux sélections. Naturellement, ayant fait leurs classes avec l’équipe de France, ils doivent changer de nationalité sportive pour porter la tunique des Verts.

Le 7 octobre 2020, Belmadi mettait les points sur les i
Au sujet de cette transition, Belmadi a été on ne peut plus clair et direct. « Quand un joueur intéresse le sélectionneur, c’est lui qui le sélectionne, il n’y a pas de nouvelle stratégie. Il y a deux étapes, aller voir le joueur puis, sélectionner. On n’envoie pas une convocation sans changement de nationalité sportive. Pour ramener Gouiri, Aït Nouri ou Cherki, il faut qu’ils prennent une feuille et aillent changer de nationalité sportive. Personne ne l’a fait », lâchait-il un 7 octobre 2020. Une déclaration cryptée : l’EN est par-dessus tout. L’engagement n’est pas conditionné par un quelconque privilège ou traitement de faveur. Ainsi, dans un monde du foot où les privilèges et le vedettariat fascinent, Belmadi ne propose en bonus que le fait de défendre la tunique algérienne. Et il ne parle que des présents qui ont toute son attention. De la sorte, il est dans le « risque zéro » de se faire snober et garde la main sur son groupe et toutes les arrivées. Surtout qu’il a déjà répété qu’il est là pour le court et moyen termes.

Afena-Gyan (Ghana), l’autre exemple-preuve
C’est pour cela que l’ancien driver d’Al-Duhail SC n’a donc pas d’obligation de rajeunir l’effectif. En plus, le fait que son équipe maintient un degré certain de performances ne le contraint pas à injecter du sang neuf ou revoir ses plans. Somme toute, l’épisode Ezzalzouli, qui n’a émergé que récemment dans les rangs du FC Barcelone, a une éventualité quasi nulle de se produire avec notre sélection.
Cette génération de footballeurs « milléniaux » (nés après l’an 2000) semble avoir un fil « patriotique » extrêmement fragile et qui peut se couper à tout instant sous différentes pressions. D’ailleurs, c’est ce qui s’est produit avec le Ghanéen Felix Afena-Gyan (19 ans). En effet, l’attaquant, qui a quitté son pays d’origine il y a à peine 2 ans, a décliné la convocation des Black Stars pour jouer la CAN-2021. Argument : il veut se consacrer à son club l’AS Rome. Ces camouflets confortent le constat qui veut que ces « recrutements » sans total engagement peuvent cacher des humiliations. Avec un management « radical », Belmadi a su conférer à l’EN un aspect sacral.