Le coup d’envoi de la première soirée du Festival national du raï dans sa 11e édition, au théâtre de la maison de culture Kateb-Yacine de  la ville de Sidi Bel Abbès, a été donné   jeudi soir  par le représentant de la ministre de la Culture Chikhi Laïd, en présence du  Secrétaire général de la wilaya et des autorités locales civiles et militaires et un public timide.

Dans son allocution, le représentant de la ministre de la Culture a mis l’accent sur l’importance que revêt le Festival national du raï, un patrimoine culturel spécifique à l’Algérie et purement bélabessien. «Une wilaya, qui a su protéger son  héritage immatériel et le promouvoir», a-t-il estimé. 
Le porte-parole de la ministre de la Culture a présenté ses excuses au public quant à l’absence de cette dernière. Malgré la situation financière et économique que connaît notre secteur, soulignera-t-il, notre ministre continue à soutenir et accompagner le festival professionnel et tous les autres festivals et insiste sur leur tenue, non seulement pour permettre aux artistes de s’épanouir, mais  aussi pour la valorisation du patrimoine culturel national en lui accordant davantage d’intérêt.
La ministre encourage et soutient toute manifestation culturelle, a-t-il encore soutenu.
Après son discours, le secrétaire général de la wilaya de Sidi Bel Abbès a tenu à remettre au représentant de la  ministre de la Culture le cadeau    offert par le wali,  de son côté, la ministre a honoré le wali de Sidi Bel Abbès en lui offrant le trophée du festival.
C’est la troupe musicale Raïna Raï, qui ne figurait pas au programme de la première soirée, qui a inauguré la manifestation culturelle en puisant dans son répertoire ses meilleures chansons qui remontent à 40 ans. Les planches du théâtre de la maison de la culture Kateb-Yacine ont vibré au rythme de la guitare et de la batterie, pendant plus d’une heure avec «Ya Zina diri latey», «Oued Chouli», «Rani Mhayar», «Zabana», «Maandi Zhar», «Mama maimi» et autres chansons.  La place a été laissée ensuite aux chanteurs Mohamed Lahbib,   qui a repris des chansons des défunts Ahmed Zargui et  Cheb Yacine en guise d’hommage et chanté son tube «Jatni à minuit», qui avait fait un vrai tabac durant les années 1980.  La soirée, qui a réuni les anciens chanteurs et ceux de la nouvelle génération de raïmen, a été animée aussi par cheikh Naam, qui n’a chanté que «Antia sabeb fi maarfetna», qu’il avait produit il y a 40 ans, suivi de Cheb Amine, qui  revient sur scène après une absence de 15 ans avec des chansons du King Khaled, et de la troupe  de rap «Flood» de Sidi Bel Abbès.
Cheb Zahmani Driss, programmé pour la dernière soirée, participe pour la première fois au Festival national du raï. Il  a repris des chansons marocaines de Cheba Nadjet et des chansons algériennes de la musique moderne et andalouse. Le jeune  Bélabessien avait décroché la deuxième place à «Alhane wa chabab» en 2018, et a su séduire le public des jeunes qui a dansé au rythme de ses chansons «Mazel Tabghini», «Twahachtha» et autres chansons.
Le raiman Jamel Milano a lui aussi enflammé le public en reprenant des chansons du défunt Hasni « Tal ghyabek» «Ya ghzali», «Khalitha lek amana», «Kirani maghboun» et, avant de clôturer la soirée, Cheb Houssem a fait régner une forte ambiance sur scène en faisant danser tous les jeunes au rythme de ses célèbres chansons, particulièrement «Khatira Khatira», «El Maktoub», «Ntya achkek saib» et «Malgré tfarekna».
Cheba Fati et Cheb Mahfoud étaient absents à la première soirée. A minuit trente minutes, le rideau s’est baissé sur la première soirée. 

Priorité aux artistes locaux
Le commissaire du Festival national du raï, Bousmaha Mohamed, a tenu à préciser que le festival n’est pas une simple manifestation culturelle, mais se veut aussi une occasion pour encourager et soutenir les jeunes  talents et mettre en valeur les potentiels culturels, naturels et économiques de la wilaya de Sidi Bel Abbès, indiquant que la priorité a été donnée aux chanteurs locaux notamment les nouvelles figures pour leur donner une chance de participer aux manifestations culturelles et d’activer après une année de stagnation et aussi faire rencontrer les anciens chanteurs et ceux de la nouvelle génération de raïmen, afin de préserver notre patrimoine, créer de l’ambiance et faire plaisir aux  fans de la chanson raï».

Campagne de boycott de l’événement
Le commissaire impute la réticence du public à la campagne de boycott de l’événement, annoncée via les réseaux sociaux, mais se dit optimiste d’une forte présence de festivaliers aux soirées suivantes. Il dira avoir reçu des messages qui l’encouragent à aller de l’avant. Pour ce qui est de la subvention allouée par le ministère de la Culture, l’organisateur du festival  révèlera que jusqu’à ce jour, la cagnotte ne lui a pas été versée. Actuellement, il gère la manifestation grâce à la  collaboration de l’Office national des droits d’auteurs et droits voisins (ONDA) et les sponsors de quelques opérateurs économiques. Un argent qui servira à payer les cachets des artistes participants. Il annonce par ailleurs une créance de près de 400 millions de centimes cumulée de la précédente édition et qu’il a réglé cette édition.
Pour des raisons financières, le Festival national du raï se tient à la Maison de la culture au lieu du stade   Trois frères-Amarouche, qui exige un nombre important d’agents pour mieux gérer les festivaliers. Le commissaire du festival soutient, à l’instar des artistes, le Hirak populaire pour mettre un terme à la corruption et pour le changement et l’instauration d’une Algérie démocratique populaire libre. Trente raimen ont été invités à puiser dans leurs répertoires et  promouvoir  éventuellement leurs derniers tubes pour faire vibrer leurs  fans au rythme de la musique raï.

Programme
417 août : Cheikh Hatab, Cheb Kadirou, Cheikh Mimoun, El Hadj Raina Diwane, Cheba Farida, Kader Japonais, Abbès El Marhoum
418 août : Cheb Alam, Cheb Ryad Naam, Kader Sghir, Belamou, Cheb Rayene, Amine KFBA Rap SBA et Bilel Sghir
419 août : Hakim Salhi, Houssem Sata, Narimene et Cheb Mahdi.

Mohamed Abassi insatisfait  
Mohamed  Abassi s’est dit insatisfait  que  les organisateurs du festival n’aient pas rendu hommage aux défunts chanteurs du raï Ahmed Zargui et cheb Yacine natifs de la ville de Sidi Bel Abbès en le baptisant au nom de l’un d’entre eux. « Ces deux chanteurs ont élevé le niveau du raï et leurs chansons sont reprises par un nombre d’artistes et grâce auxquelles ils sont  devenus célèbres. » Il fera allusion au King Khaled qui avait repris de nombreuses chansons de Zargui et Cheb Hasni qui avait chanté des tubes de Cheb Yacine.
« Ignorer les grandes stars de la chanson raï et des vedettes de l’Algérie, c’est déshonorable. » Le commissaire du festival a marginalisé les artistes,  a déploré le chanteur, qui dira qu’ils ont passé plusieurs heures à attendre et sont rentrés bredouilles.  
Pour Mohamed Abassi, le Festival national du raï  est en deçà des aspirations des artistes et ne revêt plus l’aspect d’un événement culturel  d’envergure. De plus,   c’est un festival spécifique aux raimen, pourquoi inviter des chanteurs d’autres styles ?, a-t-il  jugé.  
Le chanteur  aurait souhaité par ailleurs que le commissaire du festival divulgue le montant du budget à la presse dans un esprit de transparence.N. B.